Le Japon s'apprête à assouplir les conditions du retour des habitants dans la région contaminée autour de la centrale accidentée de Fukushima, via un changement des moyens d'évaluation de l'exposition à la radioactivité.

Lundi, lors d'une réunion d'un groupe de travail sur cette question, les membres ont proposé de changer la façon de mesurer la dose des radiations reçues par les personnes, en les dotant chacune d'un dosimètre, au lieu de se fier simplement au niveau de radioactivité dans l'air en un endroit donné.

Ce mode de mesure individuelle aboutit généralement à des doses moins élevées que le calcul effectué avec une mesure générale.

Par ailleurs, la volonté de ramener à moins de 1 millisievert par an la dose d'exposition (en plus de la radioactivité naturelle) «est un objectif à long terme» (qui prendra plusieurs décennies) et non une condition stricte pour le retour des habitants, précise le rapport qui doit être officiellement approuvé dans le courant du mois par l'Autorité de régulation nucléaire.

Il ajoute que la norme communément admise dans le monde de 1 millisievert/an n'est pas une limite de sécurité et ne signifie pas qu'une dose supérieure à ce niveau soit synonyme de danger.

Selon le document du groupe de travail, le retour des habitants peut être envisagé à partir du moment où la radioactivité dans l'air est strictement inférieure à 20 millisieverts par an.

En cela, les autorités japonaises suivent les recommandations récentes d'une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui avait dit au gouvernement nippon qu'il n'était «pas nécessaire d'attendre que le niveau des régions évacuées et décontaminées repasse sous 1 millisievert/an pour autoriser les habitants à revenir».

«Dans les situations d'assainissement, n'importe quel niveau de dose de rayonnement individuel de l'ordre de 1 à 20 mSv/an est acceptable et conforme aux normes internationales», avait précisé l'AIEA.

L'assouplissement qui en découle va aussi alléger la tâche (et les dépenses) de décontamination puisque l'objectif visé se trouve de facto relevé.

Toutefois, les conditions précises de retour dans les ville et villages évacués seront in fine déterminées au cas par cas, les situations étant très variables concernant le type d'habitat, l'état des infrastructures, la disponibilité d'équipes médicales, etc.

De plus, parce que le sujet est extrêmement sensible et divise population et experts, l'idée du retour doit être le fruit d'un dialogue et compromis entre l'État et la société civile, insiste les spécialistes de la radioprotection.

Quelque 160 000 personnes ont dû quitter précipitamment leur domicile et abandonner tous leurs biens dans les jours et semaines qui ont suivi l'accident atomique de Fukushima provoqué le 11 mars 2011 par un violent séisme et un gigantesque tsunami qui a tué plus de 18 000 personnes de la région du Tohoku (nord-est), touchant plus particulièrement les préfectures de Miyagi, Fukushima et Iwate.