L'ONU a réclamé mardi 301 millions de dollars pour soutenir les Philippines dont de larges zones ont été ravagées par le typhon Haiyan, tandis que des navires américains et britannique se dirigeaient vers l'archipel pour aider les innombrables rescapés.

Le président philippin, Benigno Aquino, interrogé mardi soir par la chaîne de télévision américaine CNN, a indiqué que l'estimation de 10 000 morts avancée était exagérée. Selon lui les responsables locaux qui ont communiqué ce chiffre étaient peut-être «trop près» du centre des destructions pour pouvoir donner un chiffre précis.

«Quand on est au centre des destructions (...) il y a un traumatisme émotionnel qui joue en particulier avec cette estimation» du nombre de morts, a-t-il indiqué. «Les chiffres dont je dispose maintenant font état de 2000, 2500», a-t-il dit en admettant qu'il s'agissait de chiffres provisoires. Il n'a pas précisé non plus s'il s'agissait uniquement d'un bilan pour la ville de Tacloban, la plus touchée.

Le dernier bilan officiel provisoire du gouvernement fait état de 1774 morts, mais l'ONU a évoqué la mort possible de 10 000 personnes à Tacloban seule, capitale de la province de Leyte.

Six jours après le passage de l'un des plus puissants typhons à avoir jamais touché terre, accompagné de vents dépassant 300 km/heure et de vagues de plus de 5 mètres, l'ampleur du cataclysme est toujours difficile à saisir.

Certaines zones des deux îles les plus frappées, Leyte et Samar, offrent des spectacles d'horreur avec des villes quasiment rasées, des corps jonchant toujours les débris et une odeur de décomposition dans l'air.

«Nous nous attendons au pire. Au fur et à mesure que l'accès à certains sites se débloque, nous découvrons toujours plus de cadavres», a commenté John Ging, directeur des opérations du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU.

Plus de 11 millions d'habitants, soit plus de 10% de la population du pays, ont été affectés par cette catastrophe, dont 673 000 ont été déplacés.

Le département d'Etat a de son côté annoncé que deux ressortissants américains avaient été tués aux Philippines et que ce bilan pouvait «évoluer».

Malgré la difficulté à évaluer les besoins précis, l'ONU a lancé mardi un appel aux dons de 301 millions de dollars (environ 225 millions d'euros) pour financer un plan d'action courant jusqu'à fin mai 2014 et axé sur «la nourriture, la santé, l'assainissement, les abris, le retrait des débris et la protection des plus vulnérables».

L'Union européenne a débloqué une aide d'urgence de 10 millions d'euros qui s'ajoute à une première aide de trois millions d'euros.

La reine Elizabeth II a annoncé mardi qu'elle contribuerait à l'aide britannique qui se monte à 1,5 million de livres (2,4 millions de dollars).

La demande d'aide d'urgence de l'ONU intervient alors que les autorités se sont montrées jusqu'ici incapables de fournir eau, nourriture, médicaments ou abris aux nombreux survivants désespérés, dont certains cherchent désormais à prendre la fuite.

«S'il vous plaît, s'il vous plaît»

«Il n'y a plus rien pour nous ici. Nous n'avons plus de maison, plus d'argent, plus de papiers», se désolait Carol Mampas, 48 ans, en tenant dans ses bras son fils de trois ans en proie à la fièvre.

«S'il vous plaît, s'il vous plaît, dites aux autorités de nous aider. Où est la nourriture? Où est l'eau? Où sont les soldats pour rassembler les cadavres?», a-t-elle lancé à un journaliste de l'AFP en attendant un vol pour quitter la ville, comme des centaines de survivants qui ont passé la nuit dans l'aéroport endommagé de Tacloban.

Dans certaines zones des survivants ont pris les armes pour piller les bâtiments encore debout. Et pour décourager les maraudeurs, les autorités ont instauré un couvre-feu à Tacloban, déployé quatre véhicules blindés et des centaines de soldats et de policiers à travers la ville, et mis en place des barrages routiers.

Face à cette tragédie, le président Aquino avait déclaré lundi l'état de catastrophe nationale.

De nombreux pays, agences et ONG ont déjà promis aide matérielle ou financière.

Le porte-avions américain George Washington et plusieurs autres navires de la Marine américaine ont ainsi quitté le port de Hong Kong mardi, avec 7000 marins à bord. La Marine américaine a mis en alerte trois navires dotés de chalands de débarquement, prêts à être déployés.

Londres a annoncé l'envoi d'un avion de transport et d'un navire militaires.

Un avion de l'Unicef avec 60 tonnes d'aide, dont des tentes et des médicaments, devait également arriver mardi aux Philippines, suivi d'équipements de purification d'eau.

Même la Chine, pourtant en froid avec les Philippines auxquelles elle conteste la souveraineté d'îles et de zones maritimes en mer de Chine méridionale, a promis 100 000 dollars.

A Genève, le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM), a indiqué que plus de 10.000 personnes avaient fait depuis samedi des dons d'un montant de 700 000 dollars à travers son site  wfp.org/typhoon.

Le PAM cherche à réunir un financement de 83 millions de dollars, dans le cadre des 301 millions demandés par l'ONU. Il cherche d'abord à livrer par voie aérienne 1000 tonnes de biscuits énergétiques.

L'ONU a prévu de fournir et d'installer trois centres de télécommunications d'urgence à Tacloban, Cebu et Roxas City.

Après les Philippines, le typhon largement affaibli a frappé le Vietnam, où plus de 800 000 personnes avaient été évacuées, et la Chine, où au moins sept personnes auraient été tuées.

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Changement climatique?

De nombreux pays, agences et ONG ont déjà promis aide matérielle ou financière.

Le porte-avions américain George Washington et plusieurs autres navires de la Marine américaine ont ainsi quitté le port de Hong Kong mardi, avec 7000 marins à bord, pour se rendre au plus vite vers l'archipel et fournir notamment ravitaillement et aide médicale.

Londres a également annoncé l'envoi d'un avion de transport et d'un navire militaires. Mais il faudra plusieurs jours à certains éléments de cette armada pour atteindre les régions dévastées.

Un avion de l'UNICEF avec 60 tonnes d'aide, dont des tentes et des médicaments, devait également arriver mardi aux Philippines, suivi d'équipements de purification d'eau.

Même la Chine, pourtant en froid avec les Philippines auxquelles elle conteste la souveraineté d'îles et de zones maritimes en mer de Chine méridionale, a promis 100 000 $.

Le pays est frappé chaque année par une vingtaine de typhons ou tempêtes tropicales et la violence de Haiyan a renforcé les questions liées au changement climatique.

Le délégué philippin à la conférence internationale sur le climat à Varsovie a annoncé qu'il s'abstiendrait de manger pendant la réunion jusqu'au 22 novembre. «Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture» et «pour le climat», a expliqué Naderev Sano.

Après les Philippines, le typhon largement affaibli a frappé le Vietnam, où plus de 800 000 personnes avaient été évacuées, et la Chine, où au moins sept personnes auraient été tuées.