Le typhon Haiyan a touché terre dimanche soir au Viêtnam à environ 160 km au sud-est de la capitale Hanoï. La tempête avait nettement perdu en intensité après avoir frappé les Philippines avec des vents de 315 km/h, qui ont tué plus de 10 000 personnes, selon les autorités.

Tandis que les Philippines comptaient leurs morts, plus de 600 000 personnes ont été évacuées de manière préventive au Viêtnam.

Dans la capitale Hanoï, les habitants se préparaient à affronter des pluies violentes et des inondations. Des dizaines de milliers de personnes dans les régions côtières étaient priées de trouver refuge à l'intérieur des terres.

Au moment de mettre sous presse, de fortes pluies s'abattaient sur Hanoï. Selon Samuel Pouliot, un Québécois qui habite la capitale, la ville tournait au ralenti. «Ça me fait un peu penser aux tempêtes de neige à Montréal, a-t-il expliqué à La Presse. Les commerces sont fermés et les entreprises ont demandé à leurs employés de rester à la maison.»

Un changement de trajectoire du typhon vers le nord, alors qu'il était initialement annoncé dans le centre du pays, a forcé l'évacuation de 52 000 personnes de plus, selon le site officiel d'information VNExpress.

Au moins quatre personnes ont été tuées en se préparant pour le typhon - en coupant des arbres ou en consolidant leurs maisons -, selon des responsables vietnamiens.

M. Pouliot, qui n'était pas inquiet outre mesure, a tout même acheté quelques provisions lorsqu'il a appris qu'Hanoï se trouvait maintenant dans la trajectoire de la tempête. «Mais je crois que les gens du centre du pays ont eu plus peur, car depuis quelques jours, ce sont eux qui étaient visés par les alertes.»

Plusieurs Québécois demeuraient sans nouvelles de leurs proches, dimanche. La dernière fois que Viet Nguyen a parlé à sa famille, vendredi, ses cousins étaient anxieux. «Ils ne savaient pas à quoi s'attendre et se barricadaient comme ils pouvaient», dit le Québécois d'origine vietnamienne, qui habite la Rive-Sud de Montréal.

Véronique Petit, de la fondation Solidarité Québec-Viêtnam, a reçu quelques messages textes de ses amis à Hué, au centre du pays. «Hué est habitué aux typhons, a indiqué Mme Petit, de Saguenay. Mais quand ils ont vu les ravages causés aux Philippines, ils sont devenus très nerveux.»

«Toute la nuit, mes amis vietnamiens ont suivi la situation, alarmés. J'ai un ami qui n'a toujours pas de nouvelles de son père et de son frère.»

Hué et la ville de Nha Trang, où se trouve la famille de M. Nguyen, ont donc été épargnés. Mais ce dernier demeurait inquiet, car la ville est située sur le bord de la mer. «Et ils n'ont pas des infrastructures et des maisons pour résister aux tempêtes, alors ça peut être détruit facilement.»

Consternation aux Philippines

De leur côté, les Philippines commençaient à peine à saisir l'ampleur de la catastrophe, deux jours après le passage d'Haiyan.

Le gouvernement philippin a prévenu que le bilan de 10 000 morts pourrait s'alourdir une fois que les secouristes auront pu atteindre les zones inaccessibles en raison d'inondations et de glissements de terrain.

Deux îles du centre de l'archipel des Philippines, Leyte et Samar, qui se trouvaient pile dans la trajectoire de Haiyan, sont particulièrement touchées.

Samedi, un chef de l'équipe de l'Organisation des Nations unies (ONU) chargée de la gestion des désastres affirmait que l'ampleur de la dévastation était comparable à celle du tsunami dans l'océan Indien, en 2004, qui a fait 220 000 morts.

Dans l'attente des secours et de l'aide internationale difficile à acheminer dans les zones sinistrées, les scènes de pillage se sont multipliées, dimanche.

Un convoi d'aide de la Croix-Rouge a été pillé à proximité de la ville. Dans un décor de fin du monde, des files d'hommes, de femmes et d'enfants avancent le long des routes, le nez recouvert d'un tissu pour masquer l'odeur pestilentielle des cadavres.

De nombreuses localités restaient coupées du monde, alors que les autorités semblaient dépassées par l'ampleur de la catastrophe et le nombre de survivants à secourir.

Le président des Philippines, Benigno Aquino III, a déclaré qu'il songeait à décréter l'état d'urgence ou la loi martiale à Tacloban, la capitale de Leyte, afin de remédier au problème du pillage.

Devant l'ampleur de la catastrophe, de nombreux pays ont proposé leur secours, des États-Unis à l'Australie, en passant par la Communauté européenne et l'ONU.

Après avoir offert une première aide de 5 millions samedi, Ottawa a annoncé la création d'un fonds d'aide. Pour chaque dollar versé par les Canadiens à un organisme de bienfaisance, le gouvernement du Canada versera un dollar supplémentaire.

Le gouvernement n'était pas en mesure de préciser le nombre de Canadiens portés disparus. Il était en effet difficile d'obtenir des informations, puisque les réseaux d'électricité et de téléphonie ont été détruits.

- Avec l'Agence France-Presse et Associated Press