La Cour suprême a annulé lundi le premier tour, le mois dernier, de l'élection présidentielle aux Maldives remporté par l'ex-chef de l'État Mohamed Nasheed, enjoignant qu'il ait à nouveau lieu le 20 octobre.

«La Cour, dans une décision prise à la majorité de quatre contre trois (de ses membres), a annulé l'élection (du 7 septembre) et ordonné une nouvelle élection le 20 octobre», a déclaré aux journalistes un responsable de la Cour suprême.

Elle a ajouté que le deuxième tour devait se dérouler avant le 4 novembre afin que le nouveau président puisse prendre ses fonctions d'ici au 11 novembre, la date limite fixée par la Constitution, a ajouté ce responsable.

Les groupes locaux et internationaux d'observateurs avaient considéré que le premier tour s'était déroulé librement et de manière impartiale.

Mais, le 23 septembre, la Cour suprême avait reporté le second tour, à l'origine prévu pour le 28 septembre, à la suite d'un recours d'un des candidats malheureux au premier tour, l'homme d'affaires Qasim Ibrahim, qui réclamait l'annulation du scrutin du 7 septembre, allégations de fraudes à l'appui.

Le favori de l'élection, Mohamed Nasheed, 46 ans, premier président démocratiquement élu, en 2008, avant d'être renversé en février 2012, est arrivé largement en tête au premier tour, mais avec un score insuffisant (45,45%) pour l'emporter.

Il devait affronter dans un second tour Abdullah Yameen (25,35% des suffrages le 7 septembre), un demi-frère de Maumoon Abdul Gayoom, autocrate qui a régné sur les Maldives et ses 350 000 habitants - des musulmans sunnites - pendant 30 ans, jusqu'aux premières élections libres de 2008.

Mohamed Nasheed avait qualifié de «coup d'État» son renversement il y a plus d'un an et demi, qui a ouvert une période troublée dans cet archipel connu pour ses plages paradisiaques et ses eaux turquoise.

Son parti, le Parti démocratique des Maldives (MDP), s'était montré critique vis-à-vis de la Cour suprême et il y a eu de façon sporadique des actions de contestation violentes depuis le report du deuxième tour.

Toutefois, la décision de justice annoncée lundi n'a pour le moment pas suscité de nouveaux mouvements de protestation.

Un responsable du MDP a même dit aux centaines de partisans de M. Nasheed rassemblés à l'extérieur du bâtiment de la Cour suprême que la convocation d'une nouvelle élection présidentielle pourrait être un coup de pouce implicite des juges à une future victoire incontestable de son champion.

Quant à Qasim Ibrahim, arrivé en troisième position le 7 septembre, il a souligné que son parti était satisfait, car il peut ainsi à nouveau tenter sa chance en vue d'occuper les plus hautes fonctions.

La semaine dernière, l'ONU avait exprimé sa préoccupation face à la montée des tensions aux Maldives et, vendredi, elle avait appelé à une organisation dans les plus brefs délais du deuxième tour de la présidentielle ajourné par la Cour suprême.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon avait de son côté appelé à plusieurs reprises la population au calme et au respect la Constitution.