Les talibans pakistanais ont répété lundi leur intention d'attaquer à nouveau la jeune militante pour le droit à l'éducation Malala Yousafzaï, en lice pour le prix Nobel de la paix, car elle parle «contre l'Islam» et les islamistes, a soutenu leur porte-parole.

Il y a un an presque jour pour jour, un homme armé mandaté par les talibans était entré dans l'autobus scolaire de Malala à Mingora, ville du nord-ouest du Pakistan, pour lui tirer une balle dans la tête sans toutefois parvenir à la tuer.

Miraculée, la jeune militante pakistanaise pour le droit à l'éducation des enfants est devenue un symbole mondial de la lutte contre l'extrémisme religieux au point d'être en lice pour le prix Nobel de la paix et le prix Sakharov du Parlement européen, tous deux remis cette semaine.

«Nous allons encore la viser et l'attaquer dès que nous en aurons l'occasion», a déclaré à l'AFP Shahidullah Shahid, le porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, talibans pakistanais), un groupe islamiste armé en lutte ouverte depuis six ans contre les forces pakistanaises.

En 2009, à l'âge de 11 ans seulement, Malala avait écrit, sous le pseudonyme de Gul Makai, un blogue en ourdou - la langue nationale - sur le site de la BBC y dénonçant les exactions des talibans qui contrôlaient alors la vallée de Swat, région du nord-ouest du Pakistan où elle vivait.

«Ce n'est pas une fille brave. Elle n'a pas de courage. Elle a même utilisé le faux nom de Gul Makai pour son blogue», a déclaré le responsable des talibans. «Nous avons attaqué Malala, car elle parlait contre les talibans et l'islam, et non parce qu'elle allait à l'école», a-t-il ajouté.

Ces nouvelles déclarations des insurgés interviennent à l'avant-veille du premier anniversaire, le 9 octobre, de l'attaque contre l'adolescente de 16 ans qui publie d'ailleurs cette semaine son autobiographie.

Des exemplaires en anglais de I am Malala (Je suis Malala)  ont déjà fait leur apparition dans des librairies du Pakistan où le livre se vend à 599 roupies, moins de 6 $, ce qui reste bien inférieur à son prix en Occident.

«Je vais être une femme politique plus tard»

Malala a déclaré lundi à la BBC qu'elle allait un jour entrer en politique pour «changer l'avenir» de son pays.

«Je vais être une femme politique plus tard. Je veux changer l'avenir de mon pays et rendre l'éducation obligatoire», a souligné l'adolescente.

«J'espère que le jour viendra où les Pakistanais seront libres, qu'ils auront des droits, qu'il y aura la paix et que chaque fille et chaque garçon iront à l'école», a ajouté l'adolescente en reprenant les thèmes qui lui avaient valu un triomphe le 12 juillet dernier lors d'un discours extrêmement applaudi à l'ONU.

Transférée au Royaume-Uni après l'attaque des talibans le 9 octobre 2012, elle avait été opérée avec succès à Birmingham (centre), où elle réside à présent et où elle est scolarisée depuis mars dernier.

«Ca a été difficile de s'adapter à une culture et une société nouvelles, surtout pour ma mère, car on n'avait jamais vu des femmes aussi libres, libres d'aller sur n'importe quel marché, seules, sans frère ou père pour les accompagner», a-t-elle raconté.

Dans ses interventions publiques, Malala appelle les gouvernements occidentaux au dialogue avec les talibans.

«Le dialogue est le meilleur moyen de régler les problèmes et de combattre la guerre. Et la meilleure manière de lutter contre le terrorisme et l'extrémisme est à mon avis très simple: instruire la prochaine génération», a-t-elle dit à la BBC.

Dimanche, on a appris qu'elle avait été invitée par la reine Élisabeth II à une réception au palais de Buckingham le 18 octobre.