Les premiers ministres indien et pakistanais se sont engagés dimanche à New York à tenter de rétablir le calme au Cachemire, un territoire que les deux puissances nucléaires se disputent depuis 65 ans, a annoncé un haut responsable indien.

Selon le conseiller national de sécurité indien Shivshankar Menon, les premiers ministres Manmohan Singh et Nawaz Sharif, qui se sont rencontrés en marge de l'assemblée générale de l'ONU, ont décidé «d'améliorer la situation sur la Ligne de contrôle», la frontière très militarisée entre les parties indienne et pakistanaise du Cachemire.

«Ils sont tombés d'accord sur le fait que la condition préalable à une amélioration des relations, qu'ils souhaitent tous deux, est d'améliorer la situation sur la Ligne de contrôle», a-t-il déclaré aux journalistes.

Les deux dirigeants ont chargé de hauts responsables militaires de «trouver des moyens efficaces de rétablir le cessez-le-feu» au Cachemire.

Toujours selon M. Menon, Nawaz Sharif a aussi promis qu'Islamabad s'efforcerait de punir les extrémistes liés au Pakistan qui avaient mené une attaque spectaculaire contre un grand hôtel de Bombay en 2008, tuant 166 personnes.

Mais, a-t-il ajouté, «il faudra voir dans les mois qui viennent si cette rencontre a été productive et utile».

MM. Sharif et Singh ont échangé des invitations à visiter leurs pays respectifs, mais aucune date n'a été fixée.

Le Cachemire est un territoire himalayen divisé, pour lequel les deux pays se sont livré deux guerres depuis leur indépendance en août 1947. Il est régulièrement le théâtre d'échanges de tirs sur la Ligne de contrôle et d'incursions de combattants islamistes anti-indiens. New Delhi accuse Islamabad d'aider matériellement les rebelles au Cachemire, ce dont le Pakistan se défend même s'il ne nie pas un soutien moral ou politique.

Jeudi dernier, des hommes armés déguisés en militaires avaient tué dix personnes dans un double assaut contre des bases des forces de sécurité indiennes au Cachemire.

Manmohan Singh et Nawaz Sharif se sont rencontrés pendant plus d'une heure dimanche dans un grand hôtel de New York. Ils se sont serré la main au début de leur entretien.

Il s'agissait de la première rencontre du genre depuis 2010 entre les deux pays, qui se sont fait la guerre à trois reprises depuis 1947, dont deux fois à propos du Cachemire, et entretiennent toujours des relations difficiles.

Il s'agissait aussi du premier entretien de M. Sharif avec un haut responsable indien depuis qu'il est revenu au pouvoir en juin, 13 ans après avoir été renversé par un coup d'État militaire.

Lors d'un discours samedi devant l'assemblée générale de l'ONU, le premier ministre indien avait accusé une nouvelle fois le Pakistan de «soutenir le terrorisme» dirigé contre l'Inde et d'être «l'épicentre du terrorisme» en Asie, tout en réaffirmant sa volonté d'améliorer les relations.

De son côté, Nawaz Sharif avait estimé vendredi à la tribune de l'assemblée que le Pakistan et l'Inde avaient «gâché des ressources considérables» dans la course aux armes nucléaires. Il avait exprimé l'espoir d'un «nouveau départ» dans les relations entre New Delhi et Islamabad.

M. Singh, qui ne devrait pas briguer de troisième mandat lors des élections l'an prochain, avait eu un entretien vendredi à Washington avec le président américain Barack Obama. Le 23 octobre ce sera au tour de Nawaz Sharif d'être reçu à la Maison-Blanche.