Le parlement cambodgien a reconduit mardi Hun Sen au poste de Premier ministre, malgré les récentes manifestations populaires et le boycott de l'opposition qui conteste la victoire du parti au pouvoir aux élections.

Les 68 députés du Parti du Peuple Cambodgien (CPP) de Hun Sen, ont voté à main levée pour un nouveau mandat de cinq ans, en l'absence de l'opposition qui refuse de siéger tant qu'une enquête indépendante sur des fraudes électorales qu'elle juge massives n'est pas lancée.

Selon les résultats officiels des législatives de juillet, le CPP, malgré son plus mauvais score depuis 1998, a remporté 68 sièges contre 55 au Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP).

Mais le parti du chef de l'opposition Sam Rainsy - rentré d'exil juste avant le scrutin mais qui n'a pas été autorisé à se présenter - a rejeté ces résultats, revendiquant la victoire et dénonçant des fraudes massives.

Après plusieurs rencontres la semaine dernière, Hun Sen et Rainsy se sont mis d'accord sur plusieurs points: respecter l'appel à la non-violence du roi, poursuivre les négociations pour résoudre la crise et procéder, dans un avenir plus lointain, à une réforme électorale.

Glissement vers la «dictature»

Mais une enquête indépendante sur le scrutin demeure un point d'achoppement.

Pour cette raison, aucun député du CNRP, qui a dénoncé un nouveau glissement vers la «dictature», n'a assisté à la première session du parlement lundi et leur boycott se poursuivait mardi.

«Nous sommes honnêtes envers le peuple. Nous sommes honnêtes envers la nation. Nous ne trahirons jamais la volonté du peuple», a insisté Rainsy dans un message vidéo publié lundi.

Malgré l'absence de l'opposition, le roi Norodom Sihamoni, chef de l'État sans pouvoir politique, avait demandé formellement lundi à Hun Sen de former un nouveau gouvernement, appelant également une nouvelle fois à l'unité nationale.

Alors qu'une série de manifestations de l'opposition avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Phnom Penh mi-septembre, cette situation pourrait mener à de nouveaux mouvements populaires et à de nouvelles violences.

En marge d'un rassemblement, un manifestant avait été tué et plusieurs autres blessés. Des défenseurs des droits de l'Homme avaient accusé les forces de l'ordre d'avoir tiré à balles réelles sur des manifestants qui jetaient des pierres.

Malgré la croissance rapide de l'une des économies les plus dynamiques d'Asie du sud-est, le Cambodge reste l'un des pays des plus pauvres de la planète, et le mécontentement de la population augmente face à l'accaparement des richesses, notamment des terres, par les proches du pouvoir.

Hun Sen, 61 ans, au pouvoir depuis 1985, a promis d'y rester encore au moins dix ans.