Le verdict dans le procès du dirigeant chinois déchu Bo Xilai sera rendu dimanche matin, a annoncé mercredi le tribunal de Jinan, devant lequel il avait été jugé fin août.

«La Cour intermédiaire populaire de Jinan rendra public le 22 septembre à 10H00 (21 septembre à 22h00 à Montréal) son verdict dans le procès de Bo Xilai pour corruption, détournement de fonds publics et abus de pouvoir», a-t-il indiqué sur son compte Weibo, l'équivalent chinois de Twitter.

L'ancien membre du puissant bureau politique du comité central du Parti communiste chinois (PCC) et ancien patron du Parti dans la métropole géante de Chongqing (sud-ouest) avait connu au printemps 2012 une disgrâce retentissante.

Son ex-bras droit, le responsable de la police Wang Lijun, avait précipité sa chute en se réfugiant dans un consulat américain et y révélant, entre autres, l'assassinat d'un homme d'affaires britannique par la propre épouse de Bo, Gu Kailai.

Fermé aux médias étrangers, le procès du dirigeant à Jinan, du 22 au 26 août, avait tenu en haleine la Chine entière, le tribunal livrant sur son microblog d'abondantes retranscriptions de l'audience, soigneusement éditées mais riches en détails intimes sur la vie dorée de Bo Xilai et de sa famille.

L'intérêt des Chinois était allé croissant au cours des cinq jours du procès, qui a jeté une lumière crue sur les moeurs d'une nomenklatura communiste jouissant de luxueuses résidences, de voyages en jets privés ou de safaris en Afrique.

Contrastant avec la docilité affichée d'ordinaire par les hauts responsables chinois traduits en justice, Bo Xilai avait lui-même fait preuve d'une singulière combativité, semblant lutter pied à pied dans le prétoire, contrant les éléments à charge avancés par le procureur et menant lui-même de vives confrontations avec des témoins à charge.

L'ex-«prince rouge» avait démenti de bout en bout avoir reçu des pots-de-vin de la part de deux hommes d'affaires -- dont une villa à Cannes, dans le sud de la France.

Il avait en revanche admis des «erreurs» dans un détournement de cinq millions de yuans de fonds publics au profit de Gu Kailai, à l'époque où il dirigeait la municipalité de Dalian (nord), ainsi que dans la gestion des suites du meurtre commis par son épouse.

Malgré l'apparente et inhabituelle transparence des débats contradictoires, les autorités avaient étroitement contrôlé les informations communiquées à l'extérieur du tribunal, et le procès devrait aboutir, de l'avis des experts, à l'annonce d'un verdict de culpabilité déjà décidé par la direction communiste.

La brutale chute de ce sexagénaire ambitieux, au charisme inhabituel parmi les caciques du régime et promis aux plus hautes fonctions au sommet du pouvoir, avait créé une onde de choc dans l'appareil communiste et le pays.

Le dernier cadre de haut niveau à avoir été jugé pour corruption, l'ex-ministre des Chemins de fer Liu Zhijun, avait attendu son procès pendant près de deux ans, avant d'être finalement condamné début juillet 2013 à la peine de mort avec sursis -- une sentence généralement commuée en prison à vie.

De son côté, l'ancien maire de Shanghai Chen Liangyu, dernier membre du Bureau politique à être tombé pour corruption, avait été jugé après presque deux ans et reçu en 2008 une peine de 18 mois d'emprisonnement.

Comme pour ces prédécesseurs, Bo devrait échapper à la peine de mort -- sentence encourue dans les cas de corruption impliquant des montants supérieurs à 100 000 yuans.