Les autorités pakistanaises vont libérer prochainement l'ancien bras droit du mollah Omar, le chef des talibans afghans, dans l'espoir de faciliter le processus de paix en Afghanistan à l'approche du retrait de l'OTAN, a indiqué mardi un haut responsable gouvernemental.

Les autorités pakistanaises avaient déjà libéré 33 responsables talibans afghans écroués dans ses prisons excluant toutefois le mollah Abdul Ghani Baradar, ancien numéro deux des insurgés et plus importante figure de l'insurrection afghane écrouée au Pakistan.

«Le Pakistan a décidé en principe de libérer le mollah Baradar», a déclaré à l'AFP Sartaj Aziz, chef de la diplomatie pakistanaise qui s'était rendu le mois dernier à Kaboul pour évoquer le sujet.

«Il devrait être libéré ce mois-ci», a ajouté ce responsable, précisant que le mollah Baradar ne serait toutefois pas remis aux autorités afghanes.

Le mollah Baradar, ancien numéro deux de la rébellion et bras droit du mollah Omar, avait été arrêté en février 2010 à Karachi, la mégapole du sud du Pakistan.

Le Haut conseil afghan pour la paix (HCP), organe du pouvoir à Kaboul responsable d'établir des contacts avec l'insurrection talibane, «se félicite de cette décision du gouvernement pakistanais», a commenté un de ses responsables, Ismail Qasemyar.

«Nous espérons qu'ils (les Pakistanais) travaillent en collaboration avec le HCP pour la libération du mollah Baradar», a-t-il dit.

Contacté par l'AFP, le porte-parole des talibans afghans, Zabiullah Mujahid, a affirmé que son mouvement évaluait la situation avant de se prononcer sur cette annonce-surprise du Pakistan, pays qui entretient des relations historiques avec l'insurrection afghane.

Un haut responsable de la diplomatie afghane avait affirmé ce week-end que les libérations de 33 talibans étaient certes une «étape positive, mais modeste» pour le processus de paix.

«Nous attendons d'autres gestes, plus significatifs de la part du Pakistan», avait ajouté ce responsable sous couvert de l'anonymat, en réclamant la libération de hauts responsables talibans, comme le mollah Baradar.

Les autorités afghanes espèrent qu'une fois libéré le mollah Baradar pourra convaincre les talibans d'entamer des pourparlers de paix avec Kaboul dans l'espoir de pacifier le pays à l'approche de la présidentielle d'avril et du retrait des forces de l'OTAN à la fin 2014.

Les talibans afghans se sont déjà montrés favorables à des pourparlers de paix avec les États-Unis, mais refusent de discuter directement avec le président afghan Hamid Karzaï, considéré comme une «marionnette» de Washington.

L'absence d'avancées concrètes dans le processus de paix en Afghanistan fait peser un climat d'incertitude dans le pays en proie à des violences quotidiennes à l'approche de ces échéances politiques et sécuritaires.