Les autorités suisses ont annoncé lundi qu'elles s'étaient opposées à un contrat prévoyant la livraison de remontées mécaniques en Corée du Nord pour une station de ski chère à son leader Kim Jong-un.

La société suisse Bartholet Maschinenbau (BMF) avait été approchée par les autorités nord-coréennes pour fournir une remontée mécanique comprenant télésiège et télécabine, selon les médias suisses.

Ces équipements, dont la valeur est estimée à 7 millions de francs suisses (7,9 millions de dollars) dans la presse helvétique, étaient destinés à une vaste station de ski en cours de construction sur le mont Masik, dans le sud-est du pays asiatique.

Le dirigeant Kim Jong-un entend en effet doter le pays d'un domaine de ski de «classe mondiale» alors que la Corée du Sud se prépare à accueillir les Jeux olympiques d'hiver en 2018.

Les autorités suisses ont cependant mis leur veto à ce contrat au dernier moment, a rapporté dimanche l'hebdomadaire SonntagsZeitung.

Dans un courriel à l'AFP, Marie Avet, la porte-parole du Secrétariat d'État à l'économie (SECO), a expliqué que ce contrat tombait dans le champ des exportations de produits de luxe.

«Il est évident qu'il s'agit d'un projet qui sert le prestige et la propagande du régime», a-t-elle indiqué, tout en soulignant qu'au regard de la situation politico-économique qui prévaut dans le pays il était «inconcevable» que cette station soit utilisée par le public.

Dans son édition de lundi, le quotidien suisse Le Temps a fait valoir que la société autrichienne Doppelmayr avait refusé ce contrat «pour des raisons politiques».

L'entreprise française Pomagalski, le numéro deux mondial des remontées mécaniques, n'a pas non plus souhaité faire affaire avec la Corée du Nord, selon Le Temps.

La société BMF, qui n'a pas pu être jointe pour commenter l'information, aurait en revanche accepté la commande. Début juin, elle avait toutefois contacté le SECO pour s'assurer que la transaction pourrait obtenir son feu vert.

Le SECO l'aurait initialement déconseillée tout en précisant qu'elle n'était pas illégale. Mais elle aurait par la suite changé sa position alors que le gouvernement suisse a étendu ses sanctions contre la Corée du Nord début juillet.

«Des exportations de ce type ont été interdites le 3 juillet», a souligné Marie Avet.

La Suisse s'appuie sur des liens particuliers avec la Corée du Nord. Kim Jong-un a en effet réalisé une partie de sa scolarité dans le canton de Berne, sans toutefois révéler sa véritable identité.

Le leader nord-coréen, qui parle notamment le suisse-allemand, aurait appris à skier sur les pistes du petit pays alpin.

La station de ski de Masik a été l'objet de toutes les attentions en Corée du Nord depuis une visite de Kim Jong-un en juin. Le complexe doit comporter 110 kilomètres de pistes skiables, un hôtel et un héliport.