L'annonce du premier verdict attendu dans le procès du viol collectif d'une étudiante dans un autobus à New Delhi, un fait divers sordide qui a bouleversé l'Inde, a de nouveau été différée jeudi.

Le prononcé du jugement à l'encontre du seul mineur accusé avait été une première fois reporté le 11 juillet par la cour d'assises pour mineurs de la capitale indienne. Il a été de nouveau reporté jeudi au 5 août, le temps d'examiner un point de droit a annoncé la cour en présence de dizaines de journalistes indiens et étrangers.

Un responsable politique, Subramanian Swamy, chef du parti Janata, a saisi la Cour suprême en arguant que les mis en cause de plus de 16 ans poursuivis pour des crimes devaient être jugés comme des adultes.

L'adolescent, âgé de 17 ans au moment des faits, est accusé d'avoir participé avec cinq hommes au viol d'une jeune femme de 23 ans le 16 décembre, décédée treize jours plus tard des suites de ses blessures.

En raison de l'excuse de minorité retenue par la justice, il encourt une peine maximale de trois ans dans un centre spécialisé.

La famille de la victime, qui a succombé à de graves lésions internes dans un hôpital de Singapour où elle avait été transférée en urgence, avait réclamé que l'adolescent comparaisse au côté des accusés majeurs, qui encourent, eux, la peine de mort.

«Il a commis le crime le plus horrible qui soit et même s'il est mineur, l'accusé ne devrait pas pouvoir être libéré après trois ans», a martelé le père de la victime auprès de l'AFP cette semaine.

Malgré la pression de la rue et le retentissement de l'affaire à l'étranger, une commission gouvernementale ad hoc a rejeté les appels de la société civile à abaisser l'âge de la majorité pénale de 18 ans à 16 ans.

L'accusé, le plus jeune d'une fratrie de six selon sa mère, était employé au nettoyage de l'autobus qui a servi de lieu du crime. Il clame son innocence.

S'il est jugé coupable, il est passible d'une peine de trois ans de détention qui inclut le temps déjà passé en détention.

Le procès de quatre suspects majeurs est toujours en cours, l'issue étant attendue dans les prochains mois une fois achevée l'audition des témoins. Un cinquième accusé, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, a été retrouvé mort dans sa cellule en mars, un décès attribué à un suicide par les autorités pénitentiaires.

Le 16 décembre au soir, l'étudiante en kinésithérapie rentrait d'une séance au cinéma avec son petit ami lorsqu'ils ont décidé de monter dans un autobus hors service en l'absence de taxis ou rickshaws disponibles. Agressée avec une barre de fer, violée et battue, elle a ensuite été jetée nue sur la route avec son ami, lui aussi passé à tabac.

Des milliers d'habitants révoltés avaient manifesté après le viol, appelant à une prise de conscience sur la façon dont les femmes sont traitées en Inde, et dénonçant l'apathie de la police et de la justice à l'égard des victimes d'agressions sexuelles.

Les manifestants avaient dénoncé la répression de ces manifestations essentiellement pacifiques. Le chef de la police de New Delhi à l'époque, Neeraj Kumar, s'est défendu d'usage dispropotionné de la force en évoquant une «foule incontrôlable» manipulée par des individus ayant pris «la campagne en otage».

Depuis ce drame, les viols de dizaines d'Indiennes et de touristes ont fait les grands titres de la presse. L'affaire a révélé la stigmatisation des victimes et la mansuétude, voire la complaisance, des tribunaux envers leurs agresseurs.

Six Indiens jugés pour le viol collectif en mars d'une touriste suisse de 39 ans qui circulait à bicyclette dans le centre du pays ont été condamnés la semaine dernière à la prison à vie.