Le premier verdict du procès du viol collectif d'une étudiante dans un autobus à New Delhi, un fait divers sordide qui a bouleversé l'Inde, était attendu jeudi à l'encontre du seul mineur accusé.

Attendue le 11 juillet, l'annonce du verdict avait été reportée au 25 par la cour d'assises pour mineurs de la capitale indienne.

L'adolescent, âgé de 17 ans au moment des faits, est accusé d'avoir participé avec cinq hommes au viol d'une jeune femme de 23 ans le 16 décembre, décédée treize jours plus tard des suites de ses blessures.

En raison de l'excuse de minorité retenue par la justice, il encourt une peine maximale de trois ans dans un centre spécialisé.

La famille de la victime, qui a succombé à de graves lésions internes dans un hôpital de Singapour où elle avait été transférée en urgence, avait réclamé que l'adolescent comparaisse au côté des accusés majeurs, qui encourent, eux, la peine de mort.

«Il a commis le crime le plus horrible qui soit et même s'il est mineur, l'accusé ne devrait pas pouvoir être libéré après trois ans», a martelé le père de la victime à l'AFP cette semaine.

Malgré la pression de la rue et le retentissement de l'affaire à l'étranger, une commission gouvernementale ad hoc a rejeté les appels de la société civile à abaisser l'âge de la majorité pénale de 18 ans à 16 ans.

Certains craignent que le jugement ne provoque de nouvelles manifestations.

Des milliers d'habitants révoltés avaient manifesté après le viol, appelant à une prise de conscience sur la façon dont les femmes sont traitées en Inde, dénonçant l'apathie de la police et de la justice à l'égard des victimes d'agressions sexuelles.

L'accusé, le plus jeune d'une fratrie de six selon sa mère, était employé au nettoyage de l'autobus qui a servi de lieu du crime. Il clame son innocence.

S'il est jugé coupable, il est passible d'une peine de trois ans de détention qui inclut le temps déjà passé en détention.

Anant Kumar Asthana, un avocat basé à New Delhi et qui défend les mineurs, estime que «l'idée derrière cette clause suggère que trois ans sont une période suffisante pour rééduquer un enfant».

«Le placement d'un enfant dans une institution pénitentiaire est décidé en dernier ressort et l'idée est de le faire pendant une courte période de temps (...) car un placement en centre peut souvent affecter un enfant de manière négative», a-t-il dit à l'AFP.

Selon Shabhaz Khan, cofondateur de l'ONG Center for Child Rights (Haq) et qui fut cité comme conseiller auprès du tribunal lors du procès, les services fournis dans ces centres sont en outre généralement inadaptés.

«Le suivi psychologique est très mauvais. Le personnel est sous-payé et n'a pas du tout envie de travailler avec ces enfants», dénonce-t-il.

Le procès de quatre suspects majeurs est toujours en cours, l'issue étant attendue dans les prochains mois une fois achevée l'audition des témoins. Un cinquième accusé, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, a été retrouvé mort dans sa cellule en mars, un décès attribué à un suicide par les autorités pénitentiaires.

Le 16 décembre au soir, l'étudiante en kinésithérapie rentrait d'une séance au cinéma avec son petit ami lorsqu'ils ont accepté de monter dans un autobus hors service en l'absence de taxis ou rickshaws disponibles. Agressée avec une barre de fer, violée et battue, elle a ensuite été jetée nue sur la route avec son ami, lui aussi passé à tabac.

Depuis ce drame, les viols de dizaines d'Indiennes et de touristes ont fait les grands titres de la presse. L'affaire a révélé la stigmatisation des victimes et la mansuétude, voire la complaisance, des tribunaux envers leurs agresseurs.