Des dizaines de boat people en route pour l'Australie étaient portés disparus mercredi après le naufrage de leur bateau au large de l'Indonésie qui a fait au moins trois morts.

157 passagers ont été secourus, a indiqué à l'AFP Rochmali, le responsable indonésien des opérations de sauvetage qui, comme beaucoup dans le pays, ne porte qu'un seul nom.

Trois personnes ont été prononcées mortes: un nourrisson, un autre enfant et une femme, a-t-il ajouté, sans être en mesure de donner le nombre exact de passagers.

«Nous ne savons pas exactement combien de personnes il y avait à bord. Nous nous concentrons sur la recherche d'éventuelles autres naufragés», a-t-il expliqué, évaluant cependant le nombre de passagers entre cent et deux cents.

Un rescapé, interrogé par l'AFP, a toutefois estimé que l'embarcation transportait 250 personnes environ.

Selon Rochmali, les boatpeople viendraient d'Irak, d'Iran et du Sri-Lanka mais cela reste à confirmer, a-t-il précisé.

Leur embarcation a coulé mardi soir non loin de son port de départ, le village de pêcheurs de Cidaun, sur la côte méridionale de l'île de Java. Le navire devait se rendre sur l'île australienne de Christmas, relativement proche d'Indonésie, que nombre de boatpeople tentent d'atteindre dans l'espoir d'obtenir le statut de réfugiés.

Trente-huit naufragés, dont des femmes et des enfants, ont réussi à regagner le rivage, après deux à trois heures de nage, ont indiqué à l'AFP des rescapés.

Le navire a pris l'eau peu après son départ, a raconté Obijet Roy, un Sri-Lankais âgé de 42 ans.

«Quand en mer, de l'eau au fond du bateau et les passagers paniquent et sautent dans l'eau», a-t-il témoigné dans un anglais approximatif.

Certains ont eu la chance de mettre la main sur des gilets de sauvetage en nombre insuffisant tandis que d'autres se sont agrippés à des débris flottants.

«Je suis du Sri-Lanka, avec trois amis. Nous allons à l'île Christmas», a-t-il ajouté.

Harun, un habitant de Cidaun, a raconté comment il a aperçu dans la nuit des «rassemblements d'immigrants sur la plage». «Ils étaient de plus en plus nombreux à nager jusqu'au rivage», a-t-il dit.

L'alerte a alors été lancée et les villageois sont partis au secours des boatpeople, avec leurs bateaux de pêche.

Selon le Sydney Daily Telegraph, environ 60 personnes seraient mortes ou disparues.

Le quotidien australien cite un homme se nommant Soheil et disant être le seul survivant d'un groupe de 61 Iraniens qui avaient embarqué à Cidaun.

«Nous avons problème avec le moteur après deux heures. La mer très difficile et le bateau casse», a-t-il raconté.

Le capitaine du navire a abandonné l'embarcation, s'échappant dans un canot de sauvetage. «Lui pas aidé. Pas aidé enfants. Pas aidé bébé», a ajouté Soheil.

Les eaux indonésiennes sont souvent empruntées par des réfugiés en route pour l'Australie, majoritairement en provenance d'Afghanistan, d'Iran et du Sri-Lanka.

Utilisant des embarcations souvent peu aptes à affronter de longs trajets, nombre d'entre eux se retrouvent régulièrement en détresse. Des centaines périssent.

Depuis le 1er janvier, plus de 15 000 boat people sont arrivés en Australie, suscitant un vif débat dans le pays sur la politique à adopter à leur égard.

Le nouveau Premier ministre Kevin Rudd a récemment annoncé que les demandeurs d'asile arrivant par bateau ne seraient plus tolérés dans le pays mais renvoyés en Papouasie-Nouvelle Guinée ou chez eux, même si leur demande est acceptée.