Les secouristes chinois inspectaient mardi des bâtiments effondrés ou ensevelis à la recherche de survivants, au lendemain de séismes ayant frappé la province du Gansu (nord-ouest), faisant au moins 92 morts.

Des soldats creusaient dans des couches de terre et de sable afin d'atteindre des maisons de construction modeste ensevelies par des glissements de terrain, selon des images diffusées par la télévision d'État CCTV.

Des victimes grièvement blessées étaient enveloppées dans des couvertures de sûreté et envoyées par hélicoptères vers la capitale provinciale de Lanzhou, où se trouve le plus grand hôpital à proximité.

Le Gansu a été touché lundi matin par un séisme de magnitude 5,9, suivi d'une forte réplique de magnitude 5,6, avec des épicentres situés à seulement 10 km de profondeur selon l'Institut américain de géophysique (USGS) -- les secousses se répercutant donc d'autant plus violemment à la surface.

Le bilan officiel a été relevé mardi à 92 morts par les autorités de la ville de Dingxi, subdivision administrative supervisant les districts les plus touchés par les secousses. Environ 600 personnes ont été sérieusement blessées, ont-elles précisé.

Dans le bourg de Meichuan, où 61 personnes ont trouvé la mort, Bo Yonghu, une jeune femme de 25 ans, contemplait solennellement ce qu'il restait de la maison de sa famille, une construction modeste de pierre et de terre dont l'arrière a été éventré par des rochers ayant dévalé la colline voisine.

«J'ai pensé que la maison allait être complètement avalée par la montagne. Je ne mettrai plus jamais un pied à l'intérieur. Plus jamais», a-t-elle indiqué à l'AFP.

Elle, ses parents, son frère et sa soeur ont installé pour dormir un lit unique dans la cour de leur habitation, abrité d'une bâche plastique clouée à quatre poteaux.

Leur voisine Yang Su Xiao, 18 ans, était seule dans la maison familiale à l'heure du séisme. Elle s'est précipitée dehors en courant et a découvert en se retournant que sa chambre venait d'être réduite en gravats.

«Je sais que je l'ai échappé de justesse. Je suis heureux que nous soyons tous indemnes (dans ma famille) mais je ne sais pas comment nous allons pouvoir réparer les dégâts», a-t-elle souligné.

Dans le même bourg, une famille a perdu trois enfants dans la catastrophe, a par ailleurs indiqué le journal China Daily, qui rapporte les lamentations de leur grand-mère Zhu Xueqiao.

«Quatre des cinq maisons de ma famille ont été emportées l'an dernier par des glissements de terrain, et maintenant le tremblement de terre a tué mes petits-enfants. J'aurais presque envie de les rejoindre», s'est-elle désolé.

Selon des estimations préliminaires rapportées par l'agence Chine nouvelle, au moins 5785 maisons se sont effondrées et 73 000 autres habitations étaient sérieusement endommagées, pour beaucoup rendues inhabitables.

Des centaines de répliques de magnitudes diverses ont été enregistrées lundi dans cette région dentelée de montagnes. Si le Gansu, en grande partie désertique, est la province la moins densément peuplée du pays, la région de Dingxi possède une forte concentration de fermes et de villages.

Plus de 6000 secouristes, comprenant des membres des forces de police, des pompiers, des militaires et des employés de l'administration locale ont été envoyés sur place.

Au coeur d'un environnement rural poussiéreux, des tentes ont été dressées pour servir de centres de secours, offrant aux habitants de l'eau, des nouilles instantanées et des couvertures, a indiqué CCTV.

Toute la nuit, des véhicules de secours partis de Lanzhou ont roulé vers le sud, pour gagner la région du désastre.

Nombreux sont les secouristes venus des provinces voisines ayant refusé de se reposer durant la nuit pour pouvoir arriver sur place le plus vite possible et rejoindre les opérations de recherche des survivants.

«On sait que la route est bien plus dangereuse quand il fait nuit, mais on ne pouvait pas se permettre de perdre une seconde», a indiqué un secouriste qui a pris un vol depuis Pékin vers le Gansu avec un groupe d'une douzaine de volontaires.

Ils se sont ensuite joints au convoi de véhicules de l'armée et d'ambulances sur la voie rapide menant au district de Min, la zone la plus sévèrement affectée, où se trouve Meichuan.

Alors que les prévisions météorologiques font état d'importantes précipitations, de lourds nuages se massaient mardi matin dans le ciel au-dessus de la région. Des orages pourraient compliquer la tâche des secouristes et entraîner de nouveaux glissements de terrain.

Les provinces de l'ouest de la Chine sont régulièrement touchées par des tremblements de terre.

Un séisme de magnitude 6,6 avait tué en avril quelque 200 personnes dans la province voisine du Sichuan, où un séisme dévastateur d'une magnitude de 8 avait fait près de 90 000 morts et disparus en 2008.