Une explosion de faible puissance a fait cinq blessés à Mandalay, dans le centre de la Birmanie, près d'un rassemblement religieux animé par un moine bouddhiste auteur de violents discours islamophobes, a-t-on appris lundi de source policière.

L'explosion est survenue dimanche soir à environ 90 mètres du lieu de prière, dans un quartier résidentiel de la deuxième plus grande ville du pays, a indiqué à l'AFP un officier au quartier général de la police dans la capitale Naypyidaw, sous couvert de l'anonymat.

Cinq personnes - un enfant, moine novice, trois femmes et un homme - ont été légèrement blessés par la déflagration.

«Nous ne connaissons pas encore la nature de l'explosion, l'enquête se poursuit. Mais nous pensons qu'il pourrait s'agir d'un engin artisanal», a précisé le policier.

Le moine Wirathu a fait en juillet la Une du magazine américain Time où il était présenté comme «le visage du terrorisme bouddhiste» pour ses responsabilités présumées dans les violences religieuses qui ont fait des dizaines de morts en mars.

Le moine a confirmé l'explosion lundi, accusant «la minorité» évoquée dans l'article du Time, précisément les musulmans birmans qui constituent environ 4% de la population. Le pouvoir avait décidé d'interdire le numéro du Time.

Environ 200 personnes avaient été tuées l'an passé et 140 000 déplacées dans des violences, dans l'ouest du pays, entre bouddhistes de l'ethnie rakhine et membres de la minorité musulmane apatride des Rohingyas.

Les heurts se sont depuis élargis à d'autres régions du pays, visant cette fois des Birmans musulmans. Des dizaines de personnes ont été tuées. Des moines ont été directement impliqués, dans les discours et parfois dans les violences elles-mêmes.

Une campagne menée autour du slogan «969», des chiffres bouddhiques, dans lequel Wirathu est impliqué, a appelé notamment au boycott des magasins tenus par les musulmans.

Ce climat délétère met en lumière des tensions mises en sourdine pendant 50 ans par la junte, mais réapparues au grand jour depuis que celle-ci a cédé le pouvoir en mars 2011.