Grand vainqueur des sénatoriales de dimanche qui lui assurent désormais le contrôle total du Parlement bicaméral, le premier ministre japonais Shinzo Abe a savouré lundi sans triomphalisme son succès en promettant d'emblée une «économie forte».

«Je veux une économie forte qui soit vraiment ressentie comme telle», a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse au siège du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), qu'il dirige et a déjà conduit à la victoire lors des législatives de décembre dernier, permettant son retour au pouvoir après trois ans de purgatoire dans l'opposition (2009-2012).

«Nous avions connu un échec historique il y a quatre ans aux élections législatives. Un nouveau PLD est né. Aujourd'hui est le vrai point de départ», a lancé tout sourire M. Abe, lundi lors d'une conférence de presse.

Alors que le pays donne des signes de redémarrage économique, Shinzo Abe, maintenant libéré de toute échéance électorale pendant trois ans, a donné le la: «un pays qui a abandonné la croissance n'a pas d'avenir», a-t-il martelé, confirmant son intention de poursuivre et amplifier son plan de relance économique surnommé «Abenomics», à base de dépenses publiques massives et de souplesse monétaire.

«La confiance des Japonais est en train de revenir. Lors de ces élections, nous avons promis aux électeurs d'intensifier notre politique économique. Nous avons dit que c'était la seule possible. Ils nous ont entendus et soutenus. Ce n'est pas une tâche facile que de mettre fin à 15 ans de déflation, mais nous allons nous concentrer sur ça maintenant», a plaidé le premier ministre.

«Sans une économie forte, nous ne pouvons pas consolider les bases budgétaires nécessaires au système de sécurité sociale», a-t-il toutefois averti, une façon de préparer l'opinion à certaines réformes probablement impopulaires, par exemple une réforme draconienne d'un secteur agricole vieillissant et surprotégé, ou une hausse programmée de la taxe sur la consommation.

Sur ce dernier point, Shinzo Abe a prudemment renvoyé la décision finale à l'automne prochain «en fonction de la situation économique».

Se félicitant de la stabilité politique retrouvée après six ans de valse des premiers ministres (un par an), M. Abe a enfin indiqué que cette stabilité allait également l'aider à mener une «diplomatie puissante».

«Je suis résolu à répondre à l'appel de la population. Je veux et vais résolument montrer la présence (du Japon) au monde», a conclu M. Abe, connu pour ses positions nationalistes.

Depuis l'automne dernier, les relations entre la Chine et le Japon sont exécrables en raison d'un différend territorial et de contentieux historiques hérités de la Seconde Guerre mondiale.