Le numéro deux des talibans pakistanais, Wali ur-Rehman, a été tué mercredi par un tir de drone américain dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan, ont annoncé des responsables pakistanais.

Numéro deux du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, Mouvement des talibans du Pakistan), Wali ur-Rehman a été tué dans le Waziristan du Nord par un missile tiré par un drone américain, ont déclaré ces responsables à l'AFP.

Auparavant, des sources pakistanaises avaient indiqué que Rehman avait probablement été tué par un drone, mais qu'elles n'étaient pas encore en mesure de le confirmer à 100 %.

«Nous ne sommes pas en mesure de confirmer cette information», a pour sa part déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, interrogé à ce sujet à l'occasion de son point de presse quotidien.Il a toutefois estimé que la mort de Rehman, si elle était confirmée, priverait les extrémistes islamistes d'un dirigeant responsable d'«horribles attentats» en Afghanistan.

Le Waziristan du Nord est une zone tribale pakistanaise proche de la frontière avec l'Afghanistan et qui sert de sanctuaire aux insurgés talibans, afghans et pakistanais et à d'autres groupes liés à Al-Qaïda. Il est régulièrement le théâtre de tirs de drones américains.

Le TTP, allié d'Al-Qaïda, est le principal groupe armé en guerre ouverte contre le pouvoir d'Islamabad.

La frappe de mercredi, dont Rehman était la cible, est survenue à Chashma, un village proche de Miranshah, principale ville du Waziristan du Nord, ont déclaré des responsables dans plusieurs villes ainsi que des sources tribales et des sources du renseignement.

La mort de Rehman, pour lequel les États-Unis avaient offert une récompense de 5 millions de dollars, constitue un coup dur pour le TTP, dont il était un commandant influent depuis la formation de ce groupe armé en 2007.

Rehman était notamment accusé par Washington d'avoir été l'un des acteurs clés de l'attaque contre la base de Chapman à Khost, en Afghanistan. Sept membres de la CIA avaient été tués lors de cette attaque, soit le bilan le plus meurtrier subi par les services de renseignement américains depuis la guerre du Liban en 1983.

Récemment, des rumeurs avaient fait état d'un différend entre Rehman et Hakimullah Mehsud, le numéro un des talibans pakistanais, avant que les deux hommes ne se montrent côte à côte dans une vidéo.

Des responsables pakistanais ont par le passé plusieurs fois annoncé la mort d'Hakimullah Mehsud, mais il est depuis apparu bien vivant dans des vidéos.

Interrogé par l'AFP sur le sort de Wali ur-Rehman, le porte-parole du TTP, Ehsanullah Ehsan, a déclaré: «Nous n'avons pas d'information à ce sujet, lorsque nous en aurons, nous vous en ferons part».

Au moins six personnes ont été tuées dans le tir de drone, dont un assistant de Rehman, ont indiqué à l'AFP des sources sécuritaires et militaires pakistanaises.

Ce tir est le premier depuis l'annonce la semaine dernière par le président américain Barack Obama de nouvelles directives pour encadrer l'usage des drones bombardant principalement les refuges des djihadistes au Yémen et dans les zones tribales du Nord-ouest pakistanais.

M. Obama a d'ailleurs signé la semaine dernière un mémorandum encadrant les frappes de drones à l'étranger. Ce texte spécifie notamment que Washington doit avoir la «quasi-certitude» qu'aucun civil ne sera blessé ou tué lors de ces bombardements dont les cibles doivent représenter une «menace imminente» pour les États-Unis.

Le tir de drone de mercredi est aussi le premier depuis les élections législatives du 11 mai au Pakistan, remportées par la Ligue musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif, prochain premier ministre.

Nawaz Sharif, qui prendra officiellement ses fonctions début juin, a récemment déclaré vouloir renforcer les difficiles relations du Pakistan avec les États-Unis, tout en prévenant ces derniers qu'ils devront prendre en compte les inquiétudes pakistanaises sur les tirs de drones. Il a également évoqué de possibles négociations avec les talibans, sans être très précis sur le sujet.

Le Pakistan considère les tirs de drones américains comme une stratégie «contre-productive» et une atteinte à sa souveraineté nationale malgré le feu vert, formel ou implicite, donné par le passé par Islamabad à certains de ces bombardements dans les zones tribales.

Selon l'institut britannique Bureau of Investigative Journalism, les tirs de drone ont tué jusqu'à 3587 personnes depuis 2004 au Pakistan, dont plus de 800 civils.