Deux personnes sont mortes jeudi dans l'effondrement du plafond d'une usine de chaussures au Cambodge, un accident sur lequel le gouvernement a promis d'enquêter, trois semaines après la mort de plus d'un millier d'ouvriers du textile au Bangladesh.

Soldats et équipes de secours ont dû fouiller les décombres de ce qui semblait être une passerelle surchargée de chaussures de sport et de sandales de toile.

«Deux ouvriers - un homme et une femme - ont été tués» et onze autres blessés dont certains grièvement, a indiqué à l'AFP Khem Pannara, chef de la police du district, dans la province de Kampong Speu (sud), stigmatisant la «construction défectueuse» de la structure.

Le gouvernement a déclaré que le propriétaire de l'usine «Wing Star Shoes» en répondrait. «Nous enquêterons et prendrons des mesures contre les responsables», a déclaré le ministre des Affaires sociales Ith Samheng. «Nous allons examiner toutes les usines pour empêcher qu'un tel accident se reproduise».

En avril, le tragique effondrement d'un immeuble du secteur textile au Bangladesh avait fait 1125 morts, jetant une lumière crue sur les conditions épouvantables dans lesquelles travaillent au quotidien les ouvriers de la confection dans certains pays asiatiques.

«Tous les jours, plus de 100 ouvriers travaillent là», a déclaré Sokny, ouvrière cambodgienne de 29 ans. «J'ai été si choquée. Je pleurais. J'ai vu du sang venir des décombres».

La police a indiqué qu'elle interrogeait le propriétaire de l'usine, située à 50 kilomètres au sud de Phnom Penh et qui emploient 7000 ouvriers. Selon une source syndicale, elle fournit la marque d'équipements de sport japonaise Asics et ses investisseurs sont Taïwanais.

Les exportations de textile ont rapporté 4,6 milliards de dollars au Cambodge l'an dernier, dans un pays qui se relance lentement après des décennies de guerre civile.

Quelque 650 000 ouvriers travaillent dans le secteur, dont 400 000 pour des sociétés exportatrices. Mais des scènes d'évanouissements collectifs ont tiré la sonnette d'alarme depuis deux ans, sur fond de sous-alimentation, de surmenage et de mauvaise ventilation des ateliers.

Les grèves et manifestations se sont multipliées. Certaines ont dégénéré comme en février 2012, lorsque trois ouvrières ont été blessées par un homme qui a ouvert le feu.

«Les usines cambodgiennes ne respectent pas les critères internationaux de sécurité», a dénoncé Rong Chhun, président de la Confédération des syndicats du Cambodge, à l'AFP. «C'est récemment arrivé au Bangladesh et maintenant cela arrive au Cambodge. Nous sommes très inquiets pour la sécurité de nos ouvriers».

Il a salué l'annonce de l'inspection des usines. «Mais les responsables doivent le faire sérieusement et sans accepter de pots-de-vin», a-t-il prévenu.

L'Organisation internationale du Travail (OIT) appelle depuis plusieurs mois à un nouvel accord de branche entre gouvernement, patrons d'usine et syndicats. «À part le Bangladesh, le Cambodge est l'un des endroits les moins chers au monde pour produire des vêtements», estimait en mars Jill Tucker, de l'OIT au Cambodge.

Plusieurs grandes marques mondiales de confection produisent dans le pays asiatique, notamment Puma, Gap, H&M ou encore Levi Strauss.

Après le désastre du Bangladesh, plusieurs grandes marques d'habillement, dont l'Italien Benetton, l'Espagnol Zara, le Britannique Marks and Spencer ou le Suédois H&M, se sont ralliés à un accord sur la sécurité des usines textiles dans ce pays, encore boudé par les grands groupes américains.