Le président philippin Benigno Aquino est sorti renforcé des élections de mi-mandat lundi qui devaient lui donner les coudées plus franches afin de poursuivre ses réformes dans un des pays les plus pauvres et les plus corrompus d'Asie.

Le Parti libéral du président et ses alliés devraient sortir majoritaires au Sénat et prendre par conséquent le contrôle des deux chambres du Congrès, selon des résultats portant mardi soir sur 75% des bulletins de vote.

«Grâce au fait que nous aurons un plus grand soutien au Sénat, nous allons pouvoir faire avancer notre programme de réformes», s'est félicité le porte-parole de la présidence, Edwin Lacierda.

Benigno Aquino doit notamment obtenir l'aval des deux chambres pour un traité de paix négocié actuellement avec un mouvement rebelle islamiste dans le sud de l'archipel, où une guérilla a fait plus de 150 000 morts depuis 1978 et freiné la sécurité et la croissance du pays.

Aquino, fils du principal opposant au dictateur Ferdinand Marcos, abattu à son retour d'exil en 1983, avait été élu triomphalement en juin 2010, pour un mandat unique de six ans.

Son programme de campagne était dominé par la lutte contre la corruption, cause centrale de la pauvreté de ce pays de quelque 100 millions d'habitants.

Longtemps à la remorque des autres pays d'Asie, les Philippines enregistrent un des taux de croissance les plus élevés de la région (+6,6% en 2012) et bénéficient d'une confiance accrue des investisseurs étrangers. Deux des grandes agences de notation, Fitch et Standard and Poor's, ont élevé à la catégorie «investissement» la note de la dette souveraine du pays, pour la première fois de l'histoire du pays.

Mais les Philippines peinent à sortir de la très grande pauvreté une grande partie de la population, et l'émergence d'une classe moyenne est bien plus lente que chez ses voisins.

Malgré les efforts du gouvernement Aquino, peu de progrès ont été réalisés pour modifier une structure qui a engendré l'un des pires fossés entre les riches et les pauvres en Asie, estiment les économistes.

Et le jeu politique aux Philippines reste entaché par la violence, la corruption et l'achat de voix, héritage de décennies de dictature sous Ferdinand Marcos, renversé en 1986.

Près de trois décennies après son départ, la famille du dictateur a fait carton plein aux élections. Sa veuve Imelda, 83 ans, a recueilli près de 90% des suffrages dans son fief de la province d'Ilocos Norte, dans le nord de l'archipel, remportant ainsi son deuxième mandat parlementaire consécutif.

Sa fille, Imee, a été réélue sans opposition au poste de gouverneur de la province. Un cousin d'Imee, Angelo Barba, a quant à lui été proclamé vainqueur de l'élection au poste de vice-gouverneur de ladite province, selon le site de la commission électorale.

Le fils d'Imelda et de Ferdinand Marcos, Ferdinand Marcos Junior, est à la moitié de son mandat de sénateur qui se termine opportunément en 2016, année des prochaines présidentielles auxquelles il devrait se présenter.

Les Marcos s'étaient réfugiés à Hawaï (États-Unis), où Ferdinand est mort en 1989.

L'ancien président Joseph Estrada, renversé en 2001, condamné pour corruption et battu à la présidentielle de 2010, a quant à lui été élu maire de Manille, la capitale.

«C'est la victoire des masses», a-t-il affirmé.