Les talibans ont revendiqué l'attentat contre un parti islamiste ayant fait au moins 14 morts et plus d'une cinquantaine de blessés lundi dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, un sanctuaire des insurgés, à moins de cinq jours des élections générales dans ce pays.

Une bombe a détoné en milieu de journée dans la zone tribale de Kurram, lors du rassemblement d'un candidat de la Jamaat-e-Ulema-e-Islam de Fazlur Rehman (JUI-F), un parti islamiste membre de la coalition sortante majoritairement laïque.

«Nous avons au moins 14 décès confirmés et 56 blessés, dont plusieurs restent dans un état critique. Le bilan pourrait donc encore s'alourdir», a déclaré à l'AFP Riaz Khan, le plus haut fonctionnaire de cette zone tribale, située à la lisière de l'Afghanistan.

Selon des sources locales, les insurgés ont caché une bombe dans le lieu du rassemblement de Munir Khan Orakzaï, un candidat local de la JUI-F. Ce dernier est sorti indemne de cette attaque, mais un candidat d'une circonscription voisine qui assistait au rassemblement, Ain ud-Din Shakir, a été blessé, a indiqué le premier ministre pakistanais qui a exigé la tenue d'une enquête.

Au moins 80 personnes ont été tuées depuis le 11 avril dans des attentats liés à la campagne en vue des élections législatives au Pakistan, selon un bilan établi par l'AFP.

Les talibans pakistanais du TTP, un groupe islamiste armé hostile à la tenue de ces élections jugées «non islamiques» et qui multiplie les attentats contre les partis laïcs à Karachi (sud) et Peshawar (nord), ont revendiqué cette nouvelle attaque.

«C'était une attaque contre Munir Orakzaï, car il a été membre du gouvernement pendant les cinq dernières années. Il soutenait ce gouvernement... qui a lancé de nombreuses opérations contre nous», a déclaré par téléphone à l'AFP Ehsanullah Ehsan, porte-parole du TTP. Les talibans pakistanais avaient jusqu'à présent épargné les rassemblements dans leur bastion des zones tribales pour ne pas s'aliéner la population locale.

Ces attaques ont limité la capacité de plusieurs partis, en premier lieu les laïcs, de faire campagne sur le terrain et pourraient aussi avoir un impact sur la participation à ce scrutin clé pour la consolidation de la démocratie au Pakistan, géant de 180 millions d'habitants, coutumier des coups d'État.

Plus de 600 000 membres des forces de sécurité, dont au moins 50 000 soldats, seront déployés autour des bureaux de vote samedi pour assurer son bon déroulement, a annoncé la commission électorale pakistanaise.

Et le chef de la puissante armée, le général Ashfaq Kayani, a réitéré le soutien des militaires à cette élection dont le but, selon lui, est de renforcer l'état de droit et d'en finir avec l'alternance «entre la démocratie et la dictature».