Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 08h00 (heure locale) pour les législatives les plus contestées de l'histoire de la Malaisie, qui pourraient sonner le glas de plus d'un demi-siècle de règne du parti au pouvoir.

Selon les sondages, le gouvernement pourrait échapper pour la première fois depuis l'indépendance en 1957 à la toute-puissante Organisation nationale unifiée malaise (UMNO) du Premier ministre Najib Razak, en faveur du très charismatique Anwar Ibrahim, un réformiste ayant fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille.

Plus de 13 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour renouveler le Parlement national, ainsi que les assemblées de 12 des 13 États de la fédération à majorité musulmane.

Une enquête d'opinion réalisée sur 1600 personnes en avril et mai par l'institut indépendant Merdeka crédite le Pakatan Rakyat (Pacte populaire), coalition d'Anwar Ibrahim, de 89 des 222 sièges au Parlement national, contre 85 pour le Barisan Nasional (Front national) qui soutient M. Najib, un apparatchik de 59 ans issu de la noblesse musulmane malaise.

Le Pakatan détient actuellement 75 sièges, contre 135 au Barisan, la coalition au pouvoir dont l'UMNO est la locomotive. La majorité absolue est fixée à 112 députés.

Mais l'institut Merdeka souligne que 46 sièges sont indécis, rendant l'issue du scrutin plus qu'incertaine, tandis que deux députés devraient être remportés par des indépendants.

«Ces chiffres montrent qu'aucun des camps ne possède un avantage évident», a expliqué à l'AFP le directeur de l'institut Merdeka, Ibrahim Suffian.

L'UMNO est créditée du formidable boom économique du «tigre» malaisien, une nation musulmane de 29 millions d'habitants passée en 25 ans du stade de pays en développement à celui de pays développé.

Mais, après être restée invaincue lors des 12 législatives organisées depuis 1957, l'Organisation voit sa popularité se réduire comme peau de chagrin, accusée d'avoir assis son pouvoir à coups de fraudes électorales et d'intimidations, dont la plus sérieuse a abouti à l'emprisonnement pendant six ans d'Anwar Ibrahim, 65 ans.

Jusqu'alors vice-premier ministre et pressenti pour prendre la tête du gouvernement, M. Anwar avait été démissionné, victime de ses idées réformistes, et condamné en 1998 pour sodomie, une accusation largement considérée comme politique.