Sept soldats américains ont été tués samedi en Afghanistan, dans ce qui aura été l'une des journées les plus meurtrières ces derniers mois pour les troupes américaines, alors que les talibans poursuivent leurs attaques printanières contre les forces internationales.

Ce regain de violence survient, par ailleurs, au moment où le président afghan Hamid Karzaï a reconnu, en point de presse, que son gouvernement recevait régulièrement de l'argent de la CIA depuis plus d'une décennie, et que cette pratique continuerait.

M. Karzaï a également indiqué que les négociations entre Kaboul et Washington sur une entente bilatérale sur la sécurité, en vue de l'administration future de la présence militaire américaine en sol afghan, avaient été repoussées en raison des conditions imposées par le camp afghan.

La force américaine a confirmé les cinq morts provoquées par l'explosion d'une bombe dissimulée en bordure d'une route dans le sud du pays. Un porte-parole, le capitaine Luca Carniel, a confirmé que les victimes étaient toutes originaires des États-Unis.

La localisation n'a pas été précisée, mais Javeed Faisal, un porte-parole du gouverneur de la province de Kandahar, a toutefois révélé qu'une patrouille de la coalition avait frappé un engin explosif dans le district de Maiwand. La région serait le berceau spirituel des insurgés.

Plus tard dans la journée, la coalition américaine a rapporté qu'un soldat de l'armée afghane avait retourné son arme contre ses confrères dans l'ouest du pays, tuant deux Américains. Ce genre d'attaques internes a largement altéré la relation de confiance entre les troupes internationales et les forces afghanes, dont la reprise du flambeau et l'entière responsabilité de la sécurité nationale sont imminentes.

Des responsables américains ont confirmé, sous le couvert de l'anonymat, que les deux victimes étaient des ressortissants américains.

Il s'agit de la quatrième fois, depuis l'été dernier, que sept Américains sont tués en une seule journée de combats sur le territoire afghan.

Le 12 mars, un hélicoptère Black Hawk s'est écrasé à l'extérieur de Kandahar, tuant cinq soldats américains. Deux autres ont péri ce même jour dans une attaque interne.

Le 6 avril, des insurgés afghans ont abattu six Américains, dont une jeune diplomate américaine et un médecin afghan, dans deux attaques simultanées dans le sud du pays. Un septième citoyen américain, un civil, est mort dans un attentat distinct, dans l'est de l'Afghanistan.

Puis, le 16 août 2012, sept membres de l'armée américaine ont péri dans deux attaques dans la province de Kandahar. Six d'entre eux sont morts lorsque leur hélicoptère a été abattu, tandis que le dernier est mort dans l'explosion d'une bombe en bordure de route.

L'incident de samedi porte à 49 le nombre de membres des forces internationales à avoir péri jusqu'ici en Afghanistan cette année, dont 34 Américains.

Lors d'une conférence de presse, le président Karzaï a confirmé avoir rencontré, plus tôt en journée, le chef de la CIA à Kaboul, qui lui a assuré que les versements se poursuivraient. L'agence des services secrets a refusé de commenter l'affaire, samedi.

Le quotidien The New York Times a rapporté que la CIA avait donné, depuis plus de dix ans, des dizaines de millions de dollars au Conseil de sécurité nationale de l'Afghanistan. Les billets étaient dissimulés dans des valises noires, des sacs à dos et des sacs de magasins.

M. Karzaï a déclaré avoir prié le responsable de la CIA de ne pas leur couper les vivres en dépit de toutes les allégations circulant dans les médias. Le président a décrit ces paiements comme «une aide d'un gouvernement à un autre».