Des milliers de secouristes, militaires, civils ou simples voisins s'affairaient dimanche à dégager les victimes et soigner les milliers de blessés du tremblement de terre qui a fait plus de 200 morts et disparus au Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine.

Plus de 24 heures après la secousse tellurique de magnitude 6,6 qui a détruit une dizaine de milliers d'habitations dans cette région montagneuse et très peuplée, les blessés continuaient d'affluer dans les hôpitaux submergés, accueillis la plupart sous des tentes dressées pour l'occasion.

Quatrième province la plus peuplée de Chine avec 80 millions d'habitants, le Sichuan, situé en bordure du plateau tibétain, renoue ainsi avec la tragédie, dans une proportion toutefois bien moindre qu'en mai 2008, quand un séisme d'ampleur historique, de magnitude 7,9, avait fait 87 000 morts dans la région de Wenchuan, 200 km au nord-est de l'épicentre de la secousse de samedi.

Selon un dernier bilan provisoire publié en début de soirée, le séisme a fait 186 morts, 21 disparus et 11 300 blessés, a rapporté l'agence Chine nouvelle qui cite des sources officielles.

Les autorités ont fait savoir que le bilan ne devrait pas augmenter significativement.

Pompiers et autres secouristes, qui ont travaillé toute la nuit, utilisant des équipements radar et des chiens, ont réussi à extraire 91 personnes vivantes des décombres, selon le ministère de la Sécurité publique.

«Trois personnes ont été tuées dans ce bâtiment, plus personne ne veut vivre dans cette région, maintenant, c'est trop dangereux», a déclaré à l'AFP au milieu des gravats un homme de 45 ans, répondant au nom de Yang.

Des chiens renifleurs ont été envoyés depuis Pékin. Les équipes de secours continuaient de se déployer dans les zones reculées, peu accessibles en raison des nombreux glissements de terrain provoqués par le séisme.

Plus de 1300 répliques ont suivi la secousse initiale, qui a duré une trentaine de secondes, son épicentre étant situé près de la ville de Ya'an, dans le canton de Lushan, 140 km à l'ouest de la capitale provinciale, Chengdu.

Les constructions dans les zones rurales chinoises sont souvent de qualité médiocre et les normes antisismiques rarement respectées.

Une femme de 68 ans, le bras cassé, a évoqué la terreur ressentie au moment du séisme. «C'était comme si la montagne était devenue vivante», a-t-elle raconté à l'AFP. «À présent je n'ai nulle part où aller».

L'heure est aux secours, mais aussi aux enterrements: dans le village de Longmen, un père de 42 ans, Wu Yong, a suivi en larmes le cercueil de son fils unique âgé de 15 ans, entouré d'amis du village. Sa femme s'est effondrée de douleur dans la rue.

Le père a raconté à l'AFP comment il s'est précipité dans la chambre de son fils au moment du séisme. Trop tard, l'enfant est mort sous les décombres: «Je n'ai pas pu l'aider», déplorait-il dit en sanglotant.

L'accès des secours était retardé par d'interminables embouteillages sur les routes menant à la zone, certains de plus de 20 kilomètres.

«On voudrait vraiment y aller et aider ces gens, mais au lieu de ça, on est là, bloqués dans la circulation», s'exaspérait un secouriste dans sa voiture.

Un véhicule militaire transportant 17 soldats a basculé dans un ravin, tuant un soldat et faisant sept blessés, a rapporté Chine Nouvelle.

Omniprésents dans leur tenue camouflée, plus de 17 000 militaires et policiers ont été envoyés sur les lieux et cinq drones utilisés pour prendre des images aériennes, selon l'agence.

Arrivé la veille au soir après avoir survolé en hélicoptère les zones dévastées, le premier ministre, Li Keqiang, en fonction depuis un mois, a rendu visite aux sinistrés. Les médias officiels l'ont montré en train de prendre une collation, sous une tente, avant de repartir à Pékin dimanche soir.

«L'effort de sauvetage est notre premier devoir», a-t-il dit, après avoir souligné que «les 24 premières heures sont cruciales pour sauver des vies».

Son prédécesseur, Wen Jiabao, avait bâti sa popularité en se rendant presque systématiquement sur les catastrophes.

Le nouveau président chinois, Xi Jinping, a demandé des efforts tous azimuts pour venir en aide aux victimes.

À Rome, le pape François a déclaré dimanche lors d'une prière place Saint-Pierre que ses «pensées vont aux nombreuses personnes qui ont été touchées par le séisme dans le sud-ouest de la Chine».

«Nous prions pour les victimes et tous ceux qui endurent des souffrances en raison de ce violent séisme», a-t-il dit.

Le président russe Vladimir Poutine a de son côté offert «toute l'aide nécessaire» à son homologue chinois, selon le Kremlin.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a adressé ses «sincères condoléances» au gouvernement et au peuple chinois.

Enfin, le président français, François Hollande, attendu en visite d'État en Chine jeudi et vendredi, a exprimé «la pleine solidarité de la France» et salué «le courage et la mobilisation» des secours.