La très officielle agence de presse Chine nouvelle a démenti que le président Xi Jinping ait pris un taxi incognito à Pékin, ainsi que l'a rapporté jeudi un journal de Hong Kong suivi par de nombreux médias étrangers, cette information causant un vif émoi et la censure sur l'internet.

Dans un pays où les hauts dirigeants communistes donnent l'impression d'être déconnectés de la population, avec une vie privée et des déplacements entourés du plus grand secret, l'article du quotidien Takungpao a fait l'effet d'une bombe.

Le journal a écrit que le chef de l'État chinois, accompagné d'un homme non identifié, avait, le 1er mars, effectué un banal déplacement en taxi dans la capitale, montant dans le véhicule de façon anonyme.

Se faisant conduire à un hôtel, le président aurait au cours du trajet d'environ 25 minutes discuté avec le chauffeur d'un sujet d'actualité : l'aggravation de la pollution atmosphérique.

À un moment, le chauffeur aurait demandé : «Vous a-t-on déjà dit que vous ressemblez beaucoup au secrétaire général Xi ?», et se serait vu répondre : «Vous êtes le premier à m'avoir reconnu».

À l'arrivée, le montant de la course étant de 27 yuans (4,40 $), Xi Jinping aurait tendu 30 yuans et demandé au chauffeur de garder la monnaie.

L'aventure arrivée à ce chauffeur nommé Guo Lixin, qu'on est allé interviewer et photographier jusque dans son modeste logis en banlieue de Pékin, a fait le tour de l'internet chinois.

L'histoire du taxi de Xi a aussi été reprise par de nombreux journaux étrangers, certains très sérieux comme le New York Times et le Daily Telegraph.

Dans une capitale menacée par la congestion automobile et où il devient de plus en plus difficile de pouvoir héler un taxi libre, les internautes, incrédules ou enthousiastes, s'accordaient à dire qu'il était salutaire que le numéro un du pays ait effectué une plongée dans la «vraie vie».

Mais le débat a tourné court en fin de journée, avec une dépêche lapidaire de Chine nouvelle : «Après vérification, le reportage publié le 18 avril par le Takungpao de Hong Kong et intitulé L'aventure d'un chauffeur de taxi de Pékin : le secrétaire général Xi Jinping a pris mon taxi est faux».

Le journal hongkongais a de son côté présenté des excuses : «Nous sommes profondément troublés et regrettons vivement la publication d'un reportage erroné, dû à la négligence dans notre travail».

Jeudi soir, les autorités avaient enclenché à plein régime la machine à censure : tous les articles en chinois mentionnant la vraie-fausse virée en taxi du président étaient effacés les uns après les autres sur la Toile.

Sur les moteurs de recherche, les requêtes comportant les termes «Xi Jinping taxi», «Xi Jinping prendre un taxi» ou «Xi Jinping visite incognito» étaient bloquées.