La Corée du Sud et son allié américain ont relevé mercredi leur niveau de surveillance face à la «menace vitale» de la Corée du Nord qui serait sur le point d'effectuer un ou plusieurs tirs d'essai de missiles susceptibles d'entraîner une «situation incontrôlable», selon l'ONU.

Le commandement intégré des forces américaines et sud-coréennes a relevé de 3 à 2 le niveau de surveillance conjoint, signalant une «menace vitale», a indiqué à l'agence de presse sud-coréenne Yonhap un responsable militaire ayant requis l'anonymat.

A seulement un cran, le niveau 1 est synonyme de guerre.

Le Japon s'est également déclaré mercredi «en état d'alerte» pour intercepter tout missile menaçant l'archipel. La veille, des missiles Patriot avaient été déployés dans le centre de Tokyo et autour de la capitale. Des batteries d'intercepteurs devaient aussi être mises en place sur l'île méridionale d'Okinawa.

En déplacement à Rome, le secrétaire général de l'ONU, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, a lancé un appel à l'apaisement, en jugeant le niveau des tensions «très dangereux». «Un petit incident pourrait déclencher une situation incontrôlable», a-t-il averti.

Furieux du nouveau train de sanctions adopté par le Conseil de sécurité des Nations unies après l'essai nucléaire de février et des manoeuvres militaires en cours entre les États-Unis et la Corée du Sud, Pyongyang a multiplié ces dernières semaines les déclarations belliqueuses.

La Corée du Sud et ses alliés occidentaux s'interrogent sur les véritables intentions du jeune dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, âgé de moins de trente ans, qui a succédé à son père Kim Jong-Il à la mort de ce dernier en décembre 2011.

Des tirs de plusieurs missiles

Ignorant les mises en garde de son voisin et allé chinois, le régime a déployé la semaine dernière sur sa côte orientale deux missiles Musudan, d'une portée théorique de 4000 kilomètres, soit la capacité d'atteindre la Corée du Sud, le Japon ou encore l'île américaine de Guam, selon Séoul.

Le renseignement militaire sud-coréen affirme que le Nord est désormais prêt à effectuer un tir qui pourrait survenir autour du 15 avril, date-anniversaire de la naissance du fondateur de la «République démocratique populaire de Corée», Kim Il-Sung, décédé en 1994.

Pyongyang pourrait même tirer plusieurs projectiles, des mouvements de véhicules lanceurs transportant des Scud (d'une portée de quelques centaines de kilomètres) et des Rodong (d'une portée d'un peu plus de 1000 kilomètres) ayant en effet été détectés, poursuit Yonhap.

«Il existe des indications croissantes de préparations de tirs de plusieurs missiles», selon une source gouvernementale citée par l'agence.

Visiblement agacée par la réaction d'une partie de la communauté internationale qui a taxé ses menaces de pure gesticulation rhétorique, la Corée du Nord a surenchéri mardi en agitant à nouveau le spectre d'une guerre «thermonucléaire» et en conseillant aux étrangers en Corée du Sud de partir.

Elle avait déjà averti les pays étrangers possédant une mission diplomatique à Pyongyang qu'elle ne serait plus en mesure de garantir leur sécurité à compter du 10 avril.

Mercredi, le plus important poste-frontière chinois avec la Corée du Nord, à Dandong, était fermé pour les groupes de touristes, a indiqué à l'AFP un responsable des douanes de cette ville, qui a ajouté que la frontière restait ouverte pour les affaires.

«Les agences de voyage ne sont pas autorisées à aller là-bas, car le gouvernement nord-coréen demande aux étrangers de quitter (ce pays). Pour autant que je sache, les hommes d'affaires peuvent entrer et sortir de Corée du Nord librement», a déclaré ce responsable qui n'a pas voulu donner son nom.

De son côté, une responsable d'une agence de voyages de Dandong a précisé à l'AFP que la décision avait été prise par la Corée du Nord. Elle a précisé que cette fermeture était valable à compter de mercredi mais elle ignorait combien de temps cela durerait.

Pyongyang avait retiré mardi les 53 000 employés nord-coréens travaillant sur le site industriel intercoréen de Kaesong, situé sur son sol, dont l'accès était déjà interdit depuis le 3 avril aux travailleurs sud-coréens.