La justice pakistanaise a ordonné lundi la présence dès mardi de l'ancien président Pervez Musharraf à la Cour suprême dans le cadre d'une audience sur des allégations de «trahison», ont indiqué des magistrats.

Des avocats pakistanais tentent depuis lundi de convaincre le plus haut tribunal au pays de juger Pervez Musharraf pour avoir «trahi» la Constitution du pays en imposant l'état d'urgence à la suite du coup d'État l'ayant porté au pouvoir en 1999.

«Musharraf devrait être jugé pour trahison, car il est coupable d'entorses à la constitution. Il devrait même être puni de la peine de mort», a déclaré lundi devant la Cour suprême, Hamid Khan, un des avocats hostiles à l'ancien président rentré d'exil il y a deux semaines afin de participer aux élections générales du 11 mai prochain.

Le juge Jawad Khawaja a déclaré lors de l'audience que la cour avait déjà qualifié «d'inconstitutionnelle» l'imposition de l'état d'urgence par l'ancien général. Mais il a toutefois exigé la comparution mardi de M. Musharraf dans cette affaire.

«Le ministère de l'Intérieur doit aussi s'assurer que le nom du général Pervez Musharraf soit placé sur la liste des personnes interdites de quitter le pays, si ce n'est déjà fait», a déclaré le juge Khawaja. «La fédération et tous ses fonctionnaires doivent aussi s'assurer que le défendeur ne quitte pas la juridiction du Pakistan», a-t-il ajouté.

Selon Syed Afshan Adil, avocat de Pervez Musharraf dans cette affaire, la Cour suprême ne devrait pas accéder à la requête des plaignants, car seul un État, et non des particuliers, a le pouvoir de traduire une personne en justice pour haute trahison, a-t-il soutenu.

Pervez Musharraf, menacé de mort par les talibans, s'était présenté il y a dix jours à une audience devant un tribunal provincial de Karachi pour prolonger le gel de mandats d'arrêt pour son implication présumée dans les meurtres du chef indépendantiste de la province du Baloutchistan (sud-ouest) Akbar Bugti en 2006 et de Benazir Bhutto en 2007, et le renvoi illégal de juges la même année.

Des avocats pakistanais, qui reprochent à l'ancien président l'imposition de l'état d'urgence et le limogeage de juges, se sont mobilisés au cours des dernières semaines pour empoisonner la vie de l'ancien dirigeant de retour d'exil.

Des avocats ont ainsi réussi à invalider la candidature de M. Musharraf aux élections législatives dans différentes circonscriptions. La commission électorale a toutefois entériné sa candidature dans la circonscription de Chitral, petite ville du nord du pays où il a des chances d'être élu.