Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a affirmé dimanche qu'il n'y avait pas de signe d'un «redéploiement» des forces nord-coréennes, en dépit des menaces belliqueuses de Pyongyang, estimant qu'il n'était pas nécessaire dans l'«immédiat» d'évacuer les diplomates britanniques basés dans ce pays.

«Nous n'avons pas vu les troupes (nord-coréennes) se repositionner ou les forces terrestres se redéployer, ce qu'on s'attend à voir dans la période précédant une attaque» militaire, a déclaré M. Hague à la BBC. «C'est la raison pour laquelle il est important de rester calmes, mais aussi fermes et unis», a-t-il lancé à l'adresse de la communauté internationale.

Malgré la mise en garde cette semaine de la Corée du Nord qu'elle ne pourrait plus garantir la sécurité des ambassades à compter du 10 avril en cas de conflit, «je ne vois pas la nécessité immédiate de réagir en évacuant nos diplomates», a poursuivi M. Hague. Le Royaume-Uni continuera cependant de «suivre de très près la situation» avec ses alliés, a-t-il ajouté.

«Nous ne devons pas réagir (...) à cette rhétorique (du régime de Pyongyang) et à l'annonce d'une menace externe à chaque fois qu'ils (les Nord-Coréens) en font», a jugé le chef de la diplomatie britannique. «Nous devons rester unis avec les États-Unis, la Chine et les autres pays du Conseil de sécurité de l'ONU sur ce dossier, et nous devons réagir calmement à toute rhétorique et annonce de la part du régime nord-coréen», a-t-il insisté.

S'il existe un «danger» venant d'un pays doté illégalement de l'arme nucléaire, le risque est aussi que la guerre des mots n'aboutisse à un vrai conflit, a estimé M. Hague. Il a mis en garde contre le «danger d'une éventuelle erreur de jugement du régime nord-coréen qui s'excite ces dernières semaines avec sa rhétorique frénétique» et contre «le danger» que Pyongyang «croit en sa propre rhétorique paranoïaque».

M. Hague, auquel le journaliste de la BBC demandait si le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un était «fou», a répondu: «Je ne connais pas l'homme». «Ce n'est pas facile, même si nous avons une ambassade sur place, d'avoir des discussions directement avec les responsables nord-coréens, donc je ne vais pas spéculer sur l'état psychologique du dirigeant de la Corée du Nord», a-t-il ajouté.

Cependant, des régimes autoritaires essaient d'«insister» sur les menaces venant de l'étranger, «de façon parfaitement rationnelle du point de vue de leur survie», a-t-il fait remarquer.

M. Hague s'exprimait au lendemain d'une réunion en Corée du Nord des chefs des missions diplomatiques des sept pays de l'Union européenne présents à Pyongyang (Allemagne, Royaume-Uni, Suède, Pologne, Roumanie, République tchèque, Bulgarie) pour discuter de la situation extrêmement tendue dans la péninsule coréenne. Jusqu'à présent, aucun de ces pays n'a décidé d'évacuer ses diplomates.

Pyongyang a multiplié ces dernières semaines les déclarations belliqueuses, furieux du nouveau train de sanctions adopté par l'ONU après son nouvel essai nucléaire début février et des manoeuvres militaires conjointes en cours entre les États-Unis et la Corée du Sud.

La Corée du Nord a installé un deuxième missile de moyenne portée sur sa côte est et menace d'effectuer des frappes, y compris nucléaire, sur des objectifs américains. Elle a averti vendredi qu'elle ne pouvait plus garantir la sécurité des missions diplomatiques à Pyongyang à compter du 10 avril.