Quatre soeurs de 19 à 24 ans ont été victimes en Inde d'une attaque à l'acide par deux hommes à moto et l'une d'elles a dû être hospitalisée, a annoncé mercredi la police, une affaire qui illustre le nombre croissant de ce type d'agressions.

Les faits se sont produits mardi soir dans l'État de l'Uttar Pradesh (nord), à une centaine de kilomètres de New Delhi, au moment où les soeurs, dont trois sont enseignantes et l'une étudiante, quittaient une école gouvernementale pour rentrer chez elles.

«Les victimes marchaient ensemble lorsque deux hommes à moto ont fait des remarques obscènes avant que celui qui était à l'arrière jette de l'acide sur elles», a déclaré à l'AFP un responsable local de la police, Abdul Hameed (BIEN Hameed).

Selon ce responsable, personne n'avait encore été arrêté et le motif de l'attaque était à ce stade indéterminé.

«La plus jeune des soeurs souffre d'importantes brûlures et elle a été hospitalisée à New Delhi», a-t-il précisé.

La condition des femmes en Inde et les fréquentes agressions qu'elles subissent sont sous les feux de l'actualité depuis le viol et la mort d'une étudiante à New Delhi en décembre 2012. D'autres affaires ont depuis défrayé la chronique.

La colère de l'opinion publique a poussé le Parlement à adopter une loi réprimant plus sévèrement les agressions sexuelles, en faisant notamment passer de 10 à 20 ans la peine d'emprisonnement pour les auteurs de viol collectif.

Mais les parlementaires ont voté contre une proposition de loi voulant condamner les auteurs d'attaques à l'acide à la prison à perpétuité.

Les auteurs de telles attaques encourent actuellement une peine de prison de 8 à 12 ans en fonction des blessures subies par les victimes, mais les condamnés peuvent être libérables sous caution.

Une organisation baptisée Stop Acid Attacks a accusé le gouvernement de fermer les yeux sur le nombre croissant d'attaques de ce genre, souvent perpétrées par des hommes, ou leurs proches, éconduits par leur petite amie.

Cette association demande que l'Inde réglemente la vente d'acide connu sous le nom de «Tezaab», normalement destiné à nettoyer des outils rouillés.

«L'acide est devenu le moyen le moins cher et le plus efficace de s'en prendre aux femmes en Inde», a dénoncé mercredi auprès de l'AFP une militante, et victime, Archana Kumari, originaire de l'Uttar Pradesh.

«Pourquoi le gouvernement n'arrête pas la vente d'acide? Pourquoi soutient-il une arme qui a le pouvoir de tuer et de réduire à néant la vie d'une femme?», a-t-elle demandé.

Selon l'organisation caritative basée à Londres, Acid Survivors Trust International, 1500 attaques de ce genre sont recensées chaque année dans le monde. Mais de nombreuses victimes taisent les faits aux autorités.

En 2011, le Pakistan, pays voisin de l'Inde, a adopté une loi punissant plus sévèrement les auteurs d'attaques à l'acide, avec des peines allant de 14 ans de prison à la perpétuité, assorties d'une amende minimum de 10 200 $.