Le nouveau président chinois Xi Jinping entame vendredi une visite en Russie, premier déplacement à l'étranger depuis son investiture, afin de relancer les liens économiques et le «partenariat stratégique» entre les deux pays.

«Le fait que la Russie amicale ait été choisie comme la première destination pour ma visite d'État témoigne du caractère particulier de nos relations stratégiques», a déclaré M. Xi dans une interview à des médias officiels russes.

Investi la semaine dernière comme président de la République populaire après avoir pris les rênes du Parti communiste en novembre, Xi Jinping répond à l'invitation de Vladimir Poutine, qui s'était rendu en Chine en juin 2012, moins d'un mois après sa prise de fonctions.

«Nous voulons la continuité dans nos relations avec la Chine qui ont un caractère stratégique (...) Nous apprécions beaucoup que M. Xi vienne en Russie pour sa première visite à l'étranger», a souligné le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

Durant les deux dernières décennies, les échanges économiques ont dominé la relation sino-russes, Moscou fournissant à Pékin des technologies militaires et spatiales ainsi que du pétrole, tout en important massivement des produits de consommation courante chinois.

«Au cours des 20 dernières années, les échanges commerciaux bilatéraux ont été multipliés par 14 et ont atteint l'année dernière la somme record de 88,2 milliards de dollars», a souligné le chef de l'État chinois.

L'une des priorités est de porter les échanges «à 100 milliards de dollars d'ici 2015» et de «développer le partenariat énergétique», a-t-il ajouté.

Pour Sergueï Sanakoïev, secrétaire de la Chambre sino-russe pour la promotion du commerce de produits industriels d'innovation, la rencontre permettra d'établir un plan de coopération pour la décennie à venir.

Selon lui, plusieurs investissements pourraient être annoncés ainsi que des accords commerciaux, dont peut-être un doublement des 15 millions de tonnes de livraisons annuelles de pétrole du géant russe Rosneft à la Chine.

«Les projets économiques vont raviver nos liens qui ont connu une stagnation ces dernières années», a souligné M. Sanakoïev interrogé par l'AFP.

La Russie qui cherche à diversifier ses livraisons d'hydrocarbures en dehors de l'Europe voudrait aussi finaliser un accord gazier lui permettant d'acheminer vers la Chine près de 70 milliards de m3 dans les 30 ans à venir.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, a estimé qu'un accord de principe pouvait être signé à l'occasion de la visite.

La Russie et la Chine vont aussi signer un accord préliminaire permettant à des groupes chinois de participer au développement de l'Extrême-Orient russe et d'investir dans la construction ds routes ainsi que dans des projets de télécommunication, a souligné M. Sanakoïev.

«Nous discutons de la possibilité d'attirer des investissements à hauteur de 5 milliards de dollars», a souligné M. Sanakoïev.

Selon Dmitri Trenine, du centre Carnegie à Moscou, la visite du président chinois sera dominée par un important volet économique.

«Les Chinois sont pragmatiques, pour eux l'économie l'emporte sur tout le reste», souligne-t-il.

D'une manière générale, Pékin cherchera à renforcer ses liens avec Moscou pour renforcer sa stature internationale, estime M. Trénine.

«Les relations (de Pékin) avec les États-Unis sont compliquées, il y a une rupture avec le Japon, et les choses ne sont pas faciles avec l'Inde», a déclaré cet expert à l'AFP.

«Envoyer au monde un signal de bonnes et solides relations avec la Russie sera bénéfique» pour la Chine, a-t-il ajouté.

La Syrie et la Corée du Nord, qui a effectué le mois dernier son troisième essai nucléaire, devraient par ailleurs figurer en bonne place au menu des entretiens entre les deux chefs d'État.