La télévision d'État nord-coréenne a diffusé vendredi des images saisissantes d'hystérie collective à l'arrivée du dirigeant du régime communiste, Kim Jong-un, sur une île au coeur d'une confrontation meurtrière entre les deux Corées en 2010.

Des dizaines de soldats en uniforme, mais aussi des femmes et des enfants en bas âge courent sur la plage pour accueillir Kim, en long manteau sombre, débarqué d'une vedette militaire sur l'île Mu.

Hurlant de joie, les bras levés au ciel, ils entourent le jeune autocrate, héritier de la seule dynastie communiste de l'Histoire. Certains cachent leur visage dans leurs mains pour pleurer.

Jong-un, qui serait âgé de moins de trente ans, a succédé à son père Kim Jong-il à sa mort en décembre 2011. Jong-il avait lui-même succédé à son père Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948.

Ces démonstrations exubérantes, non spontanées selon les détracteurs du régime communiste, sont régulièrement mises en avant par les médias d'État nord-coréens qui les attribuent à l'amour du peuple pour la famille Kim, objet d'un véritable culte de la personnalité.

La télévision a ensuite montré Kim passant ses troupes en revue, observant à la jumelle le territoire sud-coréen ou caressant la joue d'un enfant.

La scène de liesse se répète lorsqu'il quitte l'île. Des dizaines de personnes courent sur la plage puis s'aventurent, tout habillées, jusqu'à la taille, dans les eaux glaciales de la mer Jaune pour accompagner leur chef suprême, remonté sur son bateau.

Le 23 novembre 2010, l'unité d'artillerie basée sur l'île Mu avait envoyé une pluie d'obus sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, causant la mort de deux civils et deux soldats sud-coréens. Le Sud avait répliqué par des tirs d'obusier de 155 mm.

La visite de Kim Jong-un sur cette île emblématique des tensions entre les deux Corées intervient au lendemain du vote à l'ONU de nouvelles sanctions contre Pyongyang, après son troisième essai nucléaire réalisé le 12 février.

Le régime communiste multiplie les menaces de guerre avec la Corée du Sud et les États-Unis. Il a menacé de dénoncer l'accord d'armistice qui a mis fin à la guerre de Corée en 1953, brandi le spectre d'une «guerre thermonucléaire» et averti les États-Unis qu'ils s'exposaient à une «frappe nucléaire préventive».

Vendredi, il a fait savoir qu'il considérait désormais comme nuls et non avenus «tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud».