La Corée du Nord a accusé jeudi les États-Unis de vouloir déclencher une guerre atomique et menacé Washington d'une frappe nucléaire «préventive», quelques heures avant un vote du Conseil de sécurité à l'ONU renforçant les sanctions contre Pyongyang après son nouvel essai atomique du 12 février.

Après avoir fait monter la tension en menaçant de dénoncer l'accord d'armistice mettant fin à la guerre de Corée en 1953, le régime nord-coréen a une nouvelle fois musclé sa rhétorique belliqueuse.

«Puisque les États-Unis s'apprêtent à déclencher une guerre nucléaire, (nos) forces armées révolutionnaires (...) se réservent le droit de lancer une attaque nucléaire préventive pour détruire les bastions des agresseurs», a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

Cité par l'agence officielle KCNA, il a également averti qu'une seconde guerre de Corée était «inévitable» après que Washington et Séoul eurent refusé d'annuler de grandes manoeuvres militaires conjointes prévues la semaine prochaine.

La nullité de l'armistice prendra effet dès le début de ces manoeuvres, selon lui.

Le Rodong Sinmun, le journal officiel du parti unique, a quant à lui brandi la menace d'une «guerre thermonucléaire». «La guerre ne serait pas confinée à la péninsule coréenne», a-t-il averti, dans une allusion à l'arsenal balistique du pays, capable selon lui de frapper le territoire américain, en particulier les îles du Pacifique.

La télévision nord-coréenne a diffusé des images d'un important rassemblement de militaires et de civils jeudi à Pyongyang sur la place Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948, pour dénoncer «l'agression américaine».

Le Conseil de sécurité devait se réunir jeudi matin à New York afin de voter un texte proposé par Washington et Pékin imposant de nouvelles sanctions à la Corée du Nord pour l'empêcher de se procurer la technologie nécessaire au développement de ses programmes nucléaire et balistique.

Il s'agit notamment de geler toute relation financière, y compris les transferts de fonds en liquide, si ces transactions risquent de servir les efforts de Pyongyang pour se doter d'armes atomiques et de missiles à longue portée.

Dès l'annonce du 3e essai nucléaire nord-coréen du 12 février, après ceux de 2006 et 2009, le Conseil de sécurité avait annoncé son intention de prendre des «mesures appropriées» dans une nouvelle résolution.

Selon l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine, le vote de la résolution instaurant ces sanctions devait se tenir jeudi vers 10 h. Aucun des 15 pays du Conseil n'a demandé de modification majeure au projet de texte proposé par Washington et Pékin, a-t-il précisé.

Après plusieurs séries de sanctions depuis 2006 - répondant à des essais nucléaires ou à des tirs balistiques nord-coréens - sans effet probant sur le régime, l'ambition de cette résolution est selon des diplomates de tarir les sources de financement militaire de Pyongyang.

Elle amplifiera également des sanctions existantes et placera les diplomates nord-coréens sous surveillance.

La Corée du Nord a procédé avec succès en décembre au lancement d'une fusée, à vocation spatiale selon Pyongyang, en réalité un tir d'essai d'un missile de longue portée selon les Occidentaux, et, deux mois plus tard, a réalisé un 3e essai nucléaire, suscitant la colère de la communauté internationale.