Des affrontements entre des manifestants dénonçant la condamnation à mort d'un leader politique islamique et les forces de sécurité du Bangladesh ont éclaté samedi pour une troisième journée consécutive, faisant deux morts et une dizaine de blessés.

Delwar Hossain Sayedee, l'un des plus hauts dirigeants du parti Jamaat-e-Islami, a été condamné à la peine capitale jeudi par un tribunal pour des atrocités commises durant la guerre menée par le Bangladesh afin d'obtenir son indépendance du Pakistan en 1971.

La sentence a provoqué des émeutes partout à travers le pays qui ont coûté la vie à au moins 46 personnes, incluant les deux tuées samedi.

Âgé de 73 ans, Sayedee est le troisième défendeur à être déclaré coupable par le tribunal, qui a été mis en place en 2010 par le gouvernement de la première ministre Hasina Wajed.

Sept autres responsables du Jamaat, dont son chef Matiur Rahman, sont présentement traduits en justice pour des crimes de guerre.

Le Jamaat a milité contre la guerre d'indépendance du Bangladesh et a créé des forces auxiliaires pour aider les troupes pakistanaises, mais nie avoir commis des horreurs.

Samedi, les forces de sécurité bangladaises ont utilisé du gaz lacrymogène pour empêcher des partisans du Jamaat d'endommager des véhicules et de bloquer des rues dans le district de Chittagong, situé à 216 km au sud-est de Dacca, la capitale.

Un policier a révélé sous le couvert de l'anonymat que deux hommes avaient perdu la vie et une dizaine d'autres avaient été blessés.

Les chaînes télévisées privées du Bangladesh, Ekattor TV et Somoy TV, ont rapporté que des protestataires avaient bloqué des rues et attaqué les résidences de partisans du gouvernement dans différentes régions du pays.

Le Jamaat est un allié du principal parti d'opposition, le Parti national du Bangladesh (PNB), dirigé par l'ancienne première ministre Khaleda Zia, et a été un partenaire du gouvernement de Mme Zia de 2001 à 2006.

Khaleda Zia a affirmé que les procès pour crimes de guerre visaient à affaiblir l'opposition, une allégation démentie par le gouvernement.

Le Jamaat et le PNB ont lancé un appel à une grève générale de trois jours commençant dimanche.