La nouvelle présidente de la Corée du Sud, Park Geun-Hye, première femme à ce poste, a averti lundi qu'elle ne tolèrerait pas la moindre provocation du Nord, tout en promettant de conduire avec son voisin et frère ennemi la politique des petits pas, comme annoncé pendant la campagne.

«Le récent essai nucléaire de la Corée du Nord est un défi pour la survie et l'avenir du peuple coréen», a déclaré Park lors de son discours d'investiture. «Qu'on ne s'y trompe pas, la principale victime sera la Corée du Nord elle-même».

«Je ne tolèrerai pas une quelconque action qui menace les vies de notre peuple et la sécurité de notre nation», a assuré la présidente aux 70 000 personnes rassemblées devant le Parlement à Séoul.

Conformément à sa ligne adoptée pendant la campagne électorale, elle a souligné qu'elle conduirait une politique basée sur la confiance avec Pyongyang, à l'opposé de son prédécesseur Lee Myung-Bak, adepte d'une ligne dure. Tous deux appartiennent au parti conservateur.

«Je bougerai pas à pas, sur la base d'une force de dissuasion crédible», a-t-elle déclaré.

Mais les observateurs soulignent que le test nucléaire effectué par le Nord le 12 février, qui a enflammé les «faucons» de la classe politique sud-coréenne et inquiété la population, risque fort de rendre sa tâche plus ardue.

Dans un éditorial publié lundi, l'organe de presse officiel du Parti du Travail nord-coréen, parti unique, a enjoint Park à renoncer à la politique de «la confrontation» de Lee Myung-Bak.

«Les relations intercoréennes sont devenues si tendues que la péninsule coréenne est menacée d'un conflit armé», a prévenu le Rodong Sinmun.

La cérémonie d'investiture de deux heures et demie avait été précédée par un tour de chant du Sud-coréen Psy, auteur du tube planétaire Gangnam Style, et ponctuée par vingt et un coups de canon.

Outre la Corée du Nord, la présidente doit aussi répondre aux inquiétudes croissantes de la classe moyenne, préoccupée par la sécurité économique et les inégalités sociales.

L'essentiel du discours était d'ailleurs consacré à l'économie. La nouvelle chef d'État a promis «une démocratisation économique», des créations d'emplois et l'extension des aides sociales dans ce pays qui enregistre un des taux de vieillissement les plus rapides au monde.

Évoquant «un autre miracle» - référence au miracle économique après la guerre de Corée -, Park a affirmé que son gouvernement allait construire «une économie créative», au-delà des secteurs manufacturier et industriel, fondements de la richesse du pays.

«Au coeur de l'économie créative reposent la science, la technologie et la technologie de l'information, des domaines que j'ai désignés comme prioritaires», a indiqué la présidente.

Elle a aussi mis en garde les «chaebols», ces vastes conglomérats sud-coréens accusés par leurs détracteurs d'étouffer l'innovation et les petites entreprises.

«En éradiquant plusieurs pratiques injustes et en rectifiant des habitudes malheureuses du passé qui ont frustré les propriétaires de petites entreprises (...) nous apporterons un soutien actif afin que chacun puisse croître au maximum de son potentiel», a-t-elle déclaré.

Park Geun-Hye, 61 ans, est devenue lundi la première femme à accéder à la présidence de la Corée du Sud, quatrième économie d'Asie.

Elle est la fille de Park Chung-Hee, resté à la tête du pays pendant 18 ans après s'être emparé du pouvoir en 1961 lors d'un coup d'État militaire.

Il a dirigé le pays d'une main de fer jusqu'à son assassinat en 1979 et son héritage divise encore la nation : artisan du miracle économique sud-coréen après la guerre de Corée (1950-1953) pour les uns, censeur sans pitié des libertés publiques pour les autres.