Au moins 36 personnes sont mortes dimanche lors d'une bousculade pendant la Kumbh Mela, le plus grand festival religieux du monde, qui se tient à Allahabad, sur les rives du Gange, dans le nord de l'Inde.

Dix personnes sont mortes au cours d'une bousculade survenue à la gare ferroviaire d'Allahabad, a déclaré un responsable local des chemins de fer, Harindra Rao, et 12 autres ont succombé à leurs blessures alors qu'on les emmenait vers des hôpitaux, selon l'agence de presse indienne PTI.

M. Rao a indiqué que plus de 20 blessés étaient soignés dans deux hôpitaux d'Allahabad et que 15 étaient dans un état critique, selon PTI.

Selon des responsables locaux, les balustrades d'un pont proche de la gare ont cédé sous la pression de la foule.

«Des gens se reposaient sur les balustrades, qui n'ont pas supporté la charge, les fixations ont cédé», a déclaré à l'AFP Ashok Sharma, un porte-parole du gouvernement de l'État d'Uttar Pradesh, où se trouve Allahabad.

Mais le ministre indien des Chemins de fer, Pawan Kumar Bansal, cité par PTI, a nié qu'une rupture de balustrades soit à l'origine de l'accident, et a estimé qu'un trop grand nombre de personnes sur les quais pouvait avoir provoqué la bousculade.

Des témoins ont affirmé pour leur part aux médias locaux que la police avait chargé la foule à la matraque. Des parents de victimes ont accusé la police d'avoir provoqué la panique et causé ainsi l'accident.

Par ailleurs, des témoins ont affirmé que les services de secours avaient mis des heures à arriver sur les lieux.

«Ma soeur est là sans soins depuis deux heures. Pourquoi est-ce que personne ne vient?», a déclaré à NDTV une femme originaire de l'État de Bihar sur un quai de la gare, où sa soeur était étendue immobile, les yeux mis-clos.

Dix cadavres enveloppés dans des draps blancs étaient visibles sur un quai de la gare plusieurs heures après la bousculade, a rapporté un photographe de l'AFP.

Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, s'est déclaré «profondément choqué» par l'événement.

Dès avant l'aube, des gourous au corps recouvert de cendres avaient conduit les millions de pèlerins vers les eaux, pour un bain censé laver des péchés. Dimanche matin, la population d'Allahabad avait enflé à jusqu'à 40 millions de personnes, contre 1,2 million en temps normal.

Une vingtaine de millions se pressaient à ce moment sur l'immense zone réservée aux pèlerins, le long des rives du fleuve sacré, a indiqué Ashok Sharma, un des porte-parole du festival.

Les milliers de policiers et de volontaires chargés de diriger les flots humains demandaient aux pèlerins de se tremper brièvement dans l'eau glacée puis de laisser la place aux suivants.

Dans la soirée, le nombre des pèlerins qui s'étaient plongés dans les eaux du Gange a dépassé 30 millions, un record, selon les autorités.

«Cet après-midi, plus de 20 millions de personnes avaient pris le bain sacré, et ce soir leur nombre a dépassé 30 millions», a déclaré à la presse un haut responsable local, Devesh Chaturvedi.

La Kumbh Mela, qui a débuté le 14 janvier et s'achèvera début mars, se tient tous les douze ans à Allahabad (Uttar Pradesh, nord) et rassemble sur toute sa durée (55 jours) une centaine de millions d'hindous, faisant de ce festival le plus vaste au monde.

Des versions de moindre ampleur se déroulent tous les trois ans dans d'autres villes indiennes.

Les bains ont lieu à la confluence de trois fleuves sacrés: Gange, Yammuna et Saraswati. Les pèlerins pensent que se baigner dans ces eaux les lave de leurs péchés et les libère du cycle des réincarnations.

Malgré l'heure matinale, la température glaciale des eaux, par ailleurs très polluées, les pèlerins se déclarent régénérés par cette expérience spirituelle.

La plupart des dévots plongent leur tête sous l'eau, d'autres boivent une gorgée ou remplissent une gourde pour la ramener chez eux.

La Kumbh Mela d'Allahabad attire cette année encore plus de pèlerins que les autres fois parce qu'elle est jugée particulièrement favorable par des astrologues, en raison d'un alignement planétaire qui ne se produit que tous les 147 ans.

Plus de 7000 policiers avaient été déployés pour cette journée la plus chargée du festival, épaulés par 30 000 volontaires, selon la police.

Les bousculades sont un risque permanent pendant les festivals religieux indiens, où le maintien de l'ordre et le contrôle de la foule sont souvent insuffisants.

L'accident récent le plus grave a eu lieu en octobre 2008, lorsque quelque 220 personnes ont péri près d'un temple dans la ville de Jodhpur, dans le nord de l'Inde.