Le Japon a placé dimanche en orbite un nouveau satellite radar espion afin de compléter la surveillance et la défense de son territoire face notamment à la menace permanente de la Corée du Nord.

Le satellite a été lancé par la fusée japonaise H2A qui emportait également un modèle optique expérimental.

«La fusée a suivi la trajectoire prévue et les deux satellites s'en sont séparés normalement», a indiqué l'agence d'exploration spatiale (Jaxa).

Ces satellites de «collecte d'informations» auront aussi pour autre fonction d'observer les conséquences des catastrophes naturelles dans l'archipel.

Le 22e exemplaire de la fusée H2A s'est élancé comme prévu vers 13H40 (04H40 GMT) de la base spatiale de Tanegashima (sud-ouest).

Contrairement à d'autres tirs, celui-ci n'a pas été diffusé en direct à la télévision ni sur l'internet par la Jaxa, car il s'agit d'une mission gouvernementale liée à la défense nationale.

Grâce à ce nouveau satellite radar, le Japon complète, avec une décennie de retard sur le projet initial, le système qu'il avait imaginé après des essais de missiles effectués par la Corée du Nord en 1998. Le tout lui a coûté jusqu'à présent quelque 920 milliards de yens (environ 8 milliards d'euros).

«Le gouvernement va faire le meilleur usage de ces satellites afin d'améliorer les moyens de protection et de gestion de crise du pays», a déclaré le premier ministre japonais, Shinzo Abe, selon la chaîne de télévision publique NHK qui a montré des images du tir après l'annonce de son succès.

Le dispositif japonais de surveillance satellitaire est censé permettre d'observer au moins une fois par jour chaque zone terrestre.

L'envoi dans l'espace d'un nouvel engin-espion était prévu depuis des semaines, mais il intervient juste au moment où la Corée du Nord a annoncé son intention de procéder, à une date indéterminée, à un nouvel essai nucléaire en signe de défi aux États-Unis, son «ennemi juré».

Ces menaces sont une réponse aux sanctions élargies votées par le Conseil de sécurité de l'ONU en réaction au lancement le 12 décembre par Pyongyang d'une fusée, tir considéré par Washington et Tokyo comme un test déguisé de missile balistique. Une autre tentative de tir, ratée, avait eu lieu en avril 2012.

Le nouveau satellite radar japonais peut repérer au sol des objets d'un mètre de côté, de nuit ou à travers un plafond nuageux, à partir d'une altitude de plusieurs centaines de kilomètres.

Il peut aussi servir à recueillir des données sur les dégâts produits par des catastrophes naturelles telles que les séismes, tsunamis et typhons.

L'engin optique est quant à lui capable de prendre des vues plus détaillées que les précédents modèles.

Le Japon a déjà mis en orbite plusieurs satellites-espions équipés de caméras, et d'autres de radars, mais actuellement seuls quatre sont opérationnels, dont un à radar, les deux autres engins de ce type lancés précédemment étant tombés en panne.

Pour des raisons de sécurité, la Jaxa et l'opérateur du lancement H-2A, le groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI), ne fournissent pas plus de précisions sur ce genre de mission.

Le tir de dimanche est le 16e réussi d'affilée, après une interruption de plus d'un an entre fin 2003 et début 2005 due à un échec cuisant en novembre 2003 du lanceur numéro 6 qui devait justement positionner deux satellites-espions.

Les lancements de la H-2A, initialement sous la responsabilité de l'agence spatiale, ont été privatisés en avril 2007 via le transfert des opérations à MHI qui est aussi chargé de la production des lanceurs.

Depuis, ce groupe s'emploie à tenter de diminuer les coûts des tirs afin de concurrencer les puissants fournisseurs de services de placement de satellites, notamment la société européenne Arianespace ou le groupe américain Boeing.

La H2A avait effectué sa première commande commerciale étrangère en mai 2012 en lançant un satellite polyvalent d'observation terrestre sud-coréen.

Le Japon dispose aussi d'un autre type de fusée, la H2B, conçue par la Jaxa et MHI, exploitée que pour des missions étatiques, dont l'envoi régulier vers la Station spatiale internationale (ISS) de véhicules de ravitaillement.