Le plus haut dignitaire de l'Église catholique en Australie a présenté lundi ses excuses à ceux qui «ont souffert aux mains de prêtres», une déclaration applaudie par certaines victimes, mais jugée trop timide par d'autres.

Dans son message de Noël diffusé à la télévision, l'archevêque de Sydney, Mgr George Pell, se dit choqué et honteux, à la suite d'une série d'accusations de pédophilie lancées contre des prêtres et des efforts de la hiérarchie pour étouffer les affaires.

Il affirme que son coeur va vers «tous ceux qui ne trouvent pas la paix en cette période, spécialement ceux qui ont souffert aux mains de chrétiens, de responsables chrétiens, de prêtres et d'enseignants religieux».

«Je suis profondément désolé de ce qui s'est passé», déclare Mgr Pell, sans jamais mentionner les termes d'abus sexuels ou d'enfants. «Je ressens aussi le choc et la honte au sein de la communauté après ces révélations de méfaits et crimes».

Le mal causé est «totalement contraire» aux enseignements du Christ, souligne-t-il.

Ces mots ont été reçus diversement par les victimes et les associations.

«Il est satisfaisant de voir qu'il a ouvert son coeur devant ces gens (les victimes)», a déclaré Wayne Chamley, porte-parole du groupe de soutien aux victimes «Broken rites» (Rites brisés) à la télévision ABC.

«Ils (la hiérarchie catholique) semblent enfin avoir compris l'échelle (des crimes commis). Je ne crois pas que nous ayons eu par le passé une déclaration reconnaissant l'ampleur» de ces abus, a-t-il ajouté.

Mais la présidente de l'association «Adults surviving child abuse» (les adultes ayant survécu à des abus dans leur enfance), Cathy Kezelman, a qualifié les mots de l'archevêque «d'expression de regrets totalement +a minima+».

«Il est très important que nous reconnaissions également l'échec des organisations religieuses, y compris l'Église catholique, à répondre de manière adéquate aux victimes», a-t-elle précisé.

Après plus d'une décennie d'intenses pressions, la première ministre australienne avait annoncé en novembre l'ouverture d'une enquête publique nationale sur les réponses apportées par les institutions catholiques aux nombreuses plaintes pour abus sexuels perpétrés sur des enfants, après une série de scandales impliquant des prêtres catholiques.

Selon ces révélations, la hiérarchie de l'Église catholique a préféré muter les agresseurs présumés plutôt que de dénoncer leurs crimes, avait déclaré Julia Gillard.

Un des principaux enquêteurs de la police a notamment accusé le clergé d'avoir «étouffé» des actes de pédophilie notamment dans la vallée de Hunter, au nord de Sydney.

Dans l'État de Victoria (sud), l'Église catholique a reconnu en septembre qu'au moins 620 enfants avaient été victimes d'abus sexuels de prêtres depuis les années 1930.

Mgr Pell avait applaudi l'annonce de l'enquête nationale, estimant que cela permettrait de «séparer les faits de la fiction». «Nous ne voulons pas nier l'ampleur des méfaits commis par l'Église catholique» mais «nous ne voulons pas non plus qu'elle soit exagérée» et «servir de bouc émissaire», avait-il déclaré.