Les Sud-Coréens se sont habillés chaudement et ont bravé le froid, mercredi matin, pour choisir un nouveau président entre le fils libéral d'un couple de réfugiés nord-coréens et la fille conservatrice d'un ancien dictateur.

Malgré leurs différences, les deux candidats partagent des opinions similaires sur la nécessité d'engager des discussions avec la Corée du Nord et sur d'autres dossiers.

Les électeurs sud-coréens sont profondément insatisfaits du président actuel, Lee Myung-bak, et notamment de sa position sans compromis face au régime nord-coréen. Park Geun-hye, qui appartient au parti de M. Lee, a dû se rapprocher du centre pour tenter de devenir la première femme présidente de la Corée du Sud. Les sondages montrent que Mme Park et son adversaire, Moon Jae-in, sont au coude à coude dans les intentions de vote.

«J'ai sauté le déjeuner pour venir voter. J'ai attendu cinq ans pour pouvoir voter. Je pense qu'il est temps de changer de gouvernement», a déclaré Kim Young-jin, 37 ans, qui a voté pour M. Moon. Il s'est dit excité de participer à un moment marquant de l'histoire sud-coréenne.

Les Sud-Coréens s'inquiètent de plus en plus de l'état de leur économie et sont en colère contre les allégations de corruption impliquant des proches du président Lee.

Plusieurs électeurs pensent que la position sans compromis de M. Lee a encouragé la Corée du Nord à mener des tests de missiles et des essais nucléaires, ainsi que le lancement d'un satellite la semaine dernière. Certains pensent aussi que les relations difficiles entre le Nord et le Sud ont mené aux deux attaques de 2010 attribuées à Pyongyang, qui ont tué 50 Sud-Coréens.

Mme Park a du mal à se défaire de l'héritage de M. Lee. Elle s'appuie principalement sur sa base conservatrice pure et dure, opposée à toute concession à la Corée du Nord.

Les deux candidats proposent d'abandonner la position de M. Lee, qui exige que toute discussion avec la Corée du Nord soit précédée de progrès dans le désarmement nucléaire du régime communiste. Mais Mme Park veut imposer plus de conditions que M. Moon, qui souhaite rétablir l'aide gouvernementale à la Corée du Nord.

Moon Jae-in est l'ancien chef de cabinet du prédécesseur de M. Lee, le défunt président Roh Moo-hyun. Il était auparavant un avocat spécialisé dans les droits de la personne. Ses parents sont des Nord-Coréens qui ont quitté le pays à bord d'un navire militaire américain six mois après le début de la guerre de Corée.

À la veille du scrutin, M. Moon a déclaré qu'il envisageait «des politiques qui intègrent tout le monde, des politiques qui ne divisent pas».

Ils souhaite organiser rapidement un sommet avec le président nord-coréen Kim Jong-un. Mme Park n'a pas rejeté la possibilité d'une telle rencontre, mais seulement s'il s'agit d'un «dialogue honnête sur des dossiers d'intérêt commun».

Celui ou celle qui remportera l'élection présidentielle donnera le ton de la position à adopter face à la Corée du Nord, non seulement à Séoul, mais aussi à Washington, à Pékin et à Tokyo. Tous ces pays ont récemment tenu des élections, et ils attendent de savoir qui sera élu en Corée du Sud pour décider de la politique à suivre face au régime nord-coréen.

Si Park Geun-hye remporte le scrutin, elle deviendra la première femme présidente en Corée du Sud. Mais elle reste toujours sous l'ombre de son père, Park Chung-hee, qui a dirigé la Corée du Sud d'une main de fer pendant 18 ans avant d'être tué par son chef du renseignement en 1979.

Les origines familiales de Mme Park sont à la fois un atout et une contrainte. Plusieurs Sud-Coréens âgés saluent les politiques économiques et la position ferme de son père face à la Corée du Nord. Mais Park Chung-hee est également décrié pour le traitement cruel qu'il réservait à ses opposants.