L'explosion d'une bombe posée en bordure de route par les talibans a fait au moins huit morts et des dizaines de blessés samedi au passage d'une procession de la minorité musulmane chiite dans le nord-ouest du Pakistan, malgré des mesures de sécurité renforcées.

L'attentat est survenu tôt samedi matin à Dera Ismaïl Khan, district reculé de la province de Khyber Pakhtunkhwa, situé près du Waziristan du Sud, une zone tribale adossée à l'Afghanistan et considérée comme un fief des talibans et de groupes liés à Al-Qaïda.

Il y a eu huit morts, dont quatre garçons, et trente personnes ont été blessées lors de l'explosion de la bombe actionnée à distance, a précisé la police.

Selon le médecin Aziz Baluch, de l'hopital général du district, quatre des blessés étaient dans un état critique.

Une bombe de dix kilogrammes placée dans une poubelle a explosé au passage de la procession, ont indiqué des responsables. «L'explosion a été puissante et entendue à des kilomètres à la ronde», a déclaré à l'AFP Siddiq Khan, un policier.

Le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP - Mouvement des talibans du Pakistan), qui vise régulièrement les forces de l'ordre pakistanaises et la minorité chiite, représentant moins de 20% de la population de ce pays musulman de 180 millions d'habitants, a revendiqué cet attentat.

«Nous avons lancé l'attaque contre la communauté chiite», a déclaré à l'AFP au téléphone Ehsanullah Ehsan, porte-parole du TTP. «Nous avons 20 à 25 kamikazes dans le pays prêts à faire sauter des bombes et commettre des opérations suicide. Le gouvernement peut bien faire ce qu'il veut, mais il ne peut pas stopper nos attaques».

Le TTP avait déjà revendiqué de nombreux attentats cette semaine au Pakistan dont deux contre la minorité chiite qui avaient fait un total de 25 morts à Karachi (sud) et Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad.

L'attentat suicide à Rawalpindi est survenu alors que le Pakistan accueillait le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, à la tête de la première puissance chiite au monde, dans le cadre d'un sommet réunissant des dirigeants de huit pays musulmans émergents. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre la minorité chiite depuis février au Pakistan.

Mesures de sécurité renforcées

Dans l'espoir d'empêcher de nouveaux attentats ce week-end, les autorités pakistanaises ont suspendu les services de téléphonie mobile dans des grandes villes du pays. Les téléphones portables permettent notamment de déclencher des bombes à distance.

Le ministère de l'Intérieur a aussi renforcé la surveillance policière en marge de processions ce week-end pour le deuil de l'Achoura, plus important jour du calendrier de la minorité chiite, qui marque l'anniversaire du martyre de l'imam Hussain, petit-fils du prophète Mahomet, en 680 à Kerbala, en Irak.

En décembre 2009, un attentat suicide avait fait 43 morts à Karachi lors de l'Achoura qui est célébrée ce week-end au Pakistan.

La police pakistanaise avait d'ailleurs intercepté vendredi soir, à un point de contrôle, un kamikaze circulant en rickshaw en direction d'une procession chiite à Lakki Marwat, ville du nord-ouest située entre la capitale provinciale Peshawar et Dera Ismaïl Khan.

«Le kamikaze a sauté de son véhicule, puis il a pris la fuite. Les policiers ont ouvert le feu et le kamikaze s'est fait exploser», a dit à l'AFP le chef de la police locale Idrees Khan, précisant que personne n'avait perdu la vie dans cet attentat hormis l'assaillant.

Depuis le début de l'année, plus de 300 chiites ont été tués dans des attentats au Pakistan.