Le nouveau cabinet chinois est plus conservateur que prévu. Voici le bref portrait du nouveau leader de l'empire du Milieu et de ses six ministres.

Zhang Dejiang

Présidence du Parlement

Il s'occupe des dossiers industriels au Politburo. Il a remplacé Bo Xilai, tombé en disgrâce au printemps dernier, comme chef du PCC à la gigantesque ville de Chongqing. Sa carrière a connu des hauts et des bas: comme chef du PCC à Guandong en 2003, il a contribué à l'inertie et à la censure qui ont exacerbé la crise du SRAS.

Xi Jinping

Président

Son père a été le père de la première «zone économique spéciale» chinoise, consacrée exclusivement aux exportations dans les années 70. Exilée à la campagne durant la Révolution culturelle, sa famille est revenue en grâce avec la mort de Mao.

Li Keqiang

Premier ministre

Actuel vice-premier ministre, il doit prendre la place de son patron, Wen Jiabao. Économiste aux moeurs frugales, il a centré sa carrière sur la croissance des régions plus pauvres, comme le Hunan qu'il a dirigé, et l'enrichissement de la classe moyenne.

Wang Qishan

Lutte contre la corruption

Maire de Pékin entre 2004 et 2008, il a rendu l'administration municipale plus transparente après l'épidémie de SRAS en 2003. Versé dans les décisions économiques, il pourrait être victime de la rivalité entre l'actuel président Hu Jintao et son prédécesseur Jiang Zemin et être relégué au portefeuille de la discipline de parti à cause de ses velléités réformistes.

Zhang Gaoli

Responsabilités inconnues

Doyen du comité avec Zhang Dejiang. Proche de Jiang Zemin, président dans les années 80, il met l'accent, tout comme lui, sur la protection des entreprises d'État. Comme il était loin dans la liste des «candidats», sa promotion pourrait être une concession du camp Xi à celui de Jiang. Il est toutefois familier avec les régions qui ont connu la plus forte croissance.

Liu Yunshan

Responsabilités inconnues

Il était chargé de la censure médiatique. Sa nomination constitue une surprise encore plus grande que celle de Zhang Gaoli et laisse croire aux sinologues que le choix de plusieurs alliés de Jiang Zemin a été tempéré par leur vieillesse. Comme ils devront quitter le Comité permanent en 2017, les réformistes auront les coudées plus franches.

Yu Zhengsheng

Responsabilités inconnues

Chef du PCC à Shanghai, il a cultivé des liens étroits avec l'ex-président Jiang Zemin, toujours influent, et feu Deng Xiaoping, architecte de l'essor économique de la Chine. Petit prince par excellence, il a par son père une connexion avec Mao (il était un ex-mari de la dernière femme de Mao). Son succès malgré les tares idéologiques de membres de sa famille illustre sa dextérité politique.

Les défis

Stimuler la concurrence et la consommation internes, pour éviter que la Chine ne tombe dans le «piège des revenus modestes», selon l'expression de la Banque mondiale. Et lutter contre la corruption, fort dommageable à la légitimité des élites non élues d'un régime prétendument méritocratique, selon Daniel Bell, un philosophe politique montréalais qui enseigne à l'Université Tsinghua, à Pékin.

Le discours

Tout d'abord, Xi Jinping a évoqué la civilisation chinoise. Ensuite, la corruption. Et, enfin, le Parti. Reléguer le PCC au troisième rang est un signe de modernité, a analysé hier le sinologue de la BBC, Damian Grammaticas. Mettre l'accent sur la civilisation confucéenne constitue un geste vers les opposants à la démocratie et à l'ouverture économique à l'occidentale, selon William Callahan, politologue aux universités de Manchester et de Singapour.