L'ex-dissidente birmane devenue chef de l'opposition, Aung San Suu Kyi, est arrivée mardi en Inde pour la première fois depuis 25 ans, un pays où elle a fait une partie de ses études mais auquel elle reproche sa proximité avec la junte dans les années 1990.

La prix Nobel de la Paix est arrivée à New Delhi en milieu de journée, a constaté un photographe de l'AFP. Elle y a notamment vécu enfant, lorsque sa mère y était ambassadrice, puis comme étudiante.

Elle s'entretiendra mercredi avec le Premier ministre Manmohan Singh puis donnera une conférence au Jawaharlal Nehru Memorial Fund, une organisation qui promeut l'héritage du premier Premier ministre de l'Inde indépendante.

Singh avait invité l'ex-dissidente, 67 ans, lors de sa visite à Rangoun en mai dernier. C'était la première visite d'un Premier ministre indien en Birmanie depuis 25 ans.

Longtemps alliée sans réserve de la lauréate du prix Nobel de la Paix, l'Inde s'était rapprochée de la junte birmane dans les années 1990, notamment sur des questions de sécurité et d'énergie.

En 2010, Washington avait dénoncé son silence sur les violations des droits de l'Homme en Birmanie. Et Suu Kyi avait elle-même exprimé sa «tristesse» devant le soutien indien au régime militaire.

Mais le contexte politique a profondément changé depuis la dissolution de la junte en mars 2011 et l'accession au pouvoir de Thein Sein. Suu Kyi, devenue députée, vient notamment de terminer une tournée triomphale aux Etats-Unis.

Mais elle a redit sa «tristesse» à l'évocation des liens entre l'Inde et la junte dans un entretien à la presse indienne avant son arrivée, exhortant New Delhi à conserver un oeil critique sur les réformes en cours.

«Un excès d'optimisme n'aide pas parce qu'alors vous fermez les yeux sur ce qui ne va pas (...). Nous ne sommes qu'au début du chemin vers la démocratie», a-t-elle prévenu.

Elle visitera vendredi l'université Lady Shri Ram de New Delhi dont elle est diplômée en sciences politiques.