Un grand parti politique pakistanais a annoncé la tenue cette semaine d'un «référendum» populaire pour demander à la population si elle adhère à la vision des insurgés radicaux talibans ou préfère celle, «tolérante», du fondateur du Pakistan moderne.

Cette initiative du Mouvement pour l'unité nationale (MQM - Muttahida Qaumi Movement), membre de la coalition au pouvoir, intervient en réaction à l'attentat des talibans pakistanais contre la jeune militante pour le droit à l'éducation des filles, Malala Yousafzai, aujourd'hui hospitalisée en Grande-Bretagne.

Les Pakistanais avaient condamné à l'unanimité cette tentative de meurtre du 9 octobre contre l'icône nationale de la paix âgée de 15 ans, mais l'opinion publique reste divisée sur la nécessité de lancer une vaste opération militaire contre les talibans dans leurs bastions du nord-ouest.

«Nous avons lancé le combat pour mener à sa conclusion logique le projet du Pakistan» tel que formulé par son fondateur, Mohamed Ali Jinnah, qui militait pour un État «libéral, moderne, tolérant et démocratique», a dit lundi à l'AFP Tahir Hussain Mashhadi, un sénateur MQM.

La consultation prévue jeudi tient davantage d'un vaste sondage que d'un référendum légal. Les Pakistanais pourront exprimer leur préférence par textos, courriels ou dans des bureaux de scrutin dans les grandes villes du pays, a indiqué le MQM.

«Les talibans vont tenter de déstabiliser» cette consultation, a estimé M. Mashhadi, qui prévoit que «99,9 % des répondants voteront pour Quaid-e-Azam», le Grand Chef, surnom du père du Pakistan, né en 1947 de la partition des Indes britanniques.

Les «Mohajirs», musulmans ayant quitté l'Inde pour le Pakistan lors de la partition et concentrés aujourd'hui dans la région de Karachi (sud), forment la colonne vertébrale du MQM.

Or, au cours des dernières années, cette mégalopole de 18 millions d'habitants a connu une montée en flèche des affrontements entre communautés mohajir et pachtoune, tribu très conservatrice originaire d'Afghanistan et du nord-ouest du Pakistan dont sont issus les talibans et d'autres groupes radicaux religieux.

De nombreux observateurs doutent toutefois que la consultation de jeudi débouche sur des actions concrètes du gouvernement.