Le dirigeant déchu Bo Xilai  qui a été exclu des rangs de l'Assemblée nationale populaire (ANP) qui a mis fin à son immunité parlementaire, a été inculpé vendredi de plusieurs chefs d'accusation, a annoncé vendredi l'agence officielle Chine nouvelle.  

« L'instruction est en cours », a annoncé l'agence de presse, citant un communiqué du bureau du Procureur suprême du peuple.

M. Bo, ancien membre du Bureau politique du Parti communiste, âgé de 63 ans et détenu au secret depuis avril, doit répondre notamment d'accusations de corruption « massive » et d'abus de pouvoir.

Les chefs d'accusation font état de corruption « massive », de relations sexuelles « inappropriées » avec plusieurs femmes.

Les spéculations vont bon train sur la date de son procès.

Selon les commentateurs, ce procès pourrait se tenir après le congrès du PCC le mois prochain qui doit désigner de nouveaux dirigeants.

L'exclusion du Parlement de Bo Xilai, à qui beaucoup prêtaient des ambitions au niveau national, a été décidée par le comité permanent de l'ANP, réuni depuis mardi à Pékin, a précisé Chine nouvelle.

Le Parti communiste chinois souhaite tirer un trait sur cette affaire avant l'ouverture le 8 novembre de son congrès qui devrait procéder à un rajeunissement de ses cadres.

Le vice-président Xi Jinping, 59 ans, devrait remplacer le président Hu Jintao, actuel secrétaire général du parti, en place depuis 10 ans.

Mais selon plusieurs experts, Bo Xilai dispose toujours de puissants soutiens dans le parti, et son procès devrait permettre d'affaiblir ses partisans.

Plusieurs centaines d'universitaires et d'anciens responsables chinois ont ainsi appelé cette semaine le Parlement à ne pas exclure de ses rangs M. Bo, qui conserve une bonne image au sein de la gauche conservatrice chinoise.

L'ex-chef de la métropole géante de Chongqing (sud-ouest) avait déjà été exclu du PCC le mois dernier. Cette décision doit être en principe approuvée par un plénum du comité central, prévu le 1er novembre, une semaine avant l'ouverture du congrès.

En éclatant au printemps, l'affaire avait fait l'effet d'une bombe en illustrant l'intensité de la lutte pour les postes-clés au sommet du parti unique, qui règne d'une main de fer sur le pays depuis plus de 60 ans.

L'épouse de Bo Xilai, Gu Kailai, a été condamnée à mort avec sursis - équivalent à la perpétuité - en août dernier pour le meurtre par empoisonnement d'un homme d'affaires britannique, Neil Heywood. Impliqué, Wang Lijun, le chef de la police de Chongqing, bras droit de Bo Xilai, a été condamné à 15 ans de prison le mois dernier, notamment pour avoir demandé l'asile politique au consulat américain de Chengdu (sud-ouest) Bo Xilai est, lui, accusé officiellement d'avoir « commis de graves erreurs et abusé de son pouvoir dans l'affaire d'homicide volontaire concernant Wang Lijun et Gu Kailai, pour laquelle il porte une lourde responsabilité ».

Personnalité flamboyante, Bo Xilai, qui aspirait aux plus hautes fonctions, est détenu au secret depuis avril, date à laquelle il avait été suspendu de ses fonctions.

L'ex-secrétaire général du PCC de Chongqing avait lancé dans cette mégalopole une campagne ambitieuse à tonalité nationaliste, glorifiant les thèmes de la période maoïste et revisitant la grandeur révolutionnaire chinoise.

« Fils de », il est l'un des nombreux « princes rouges » qui jouent un rôle essentiel dans la Chine d'après Mao et Deng Xiaoping : son père, Bo Yibo, révolutionnaire de la première heure, fut lui-même membre du bureau politique.