Fasciste pour les uns, bouffée d'air frais pour les autres, le populaire maire d'Osaka ne laisse personne indifférent. D'autant plus que Toru Hashimoto vient de lancer son propre parti politique national au Japon.

Toru Hashimoto croit que le Japon a besoin d'un dictateur. Il veut réécrire la Constitution. Il prône un rôle plus actif de son pays - pacifiste - sur le plan militaire.

Le maire d'Osaka fait des vagues. Gouverneur puis maire de la deuxième grande ville nippone, il est l'un des politiciens les plus médiatisés du pays. Il a fondé en septembre un parti national, le Nippon Ishin no Kai (le Parti de restauration du Japon). Neuf députés ont quitté leur formation politique pour se joindre à lui.

Ses déclarations, notamment sur la dictature et sur les «femmes de réconfort» coréennes qui, selon lui, n'étaient pas forcées à l'esclavage sexuel par l'armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, ont suscité beaucoup de réactions.

Ses adversaires ont inventé un néologisme, «Hashism», contraction entre Hashimoto et fasciste, pour décrire son style ferme.

«Je ne crois pas que lui-même soit un fasciste, nuance Yuji Yoshimoto, auteur d'un livre sur le maire, dans une entrevue avec La Presse. Mais je crois qu'il pourrait être la personne qui ouvre la porte au fascisme.» Sa volonté de réécrire la Constitution l'inquiète particulièrement. Hashimoto souhaite entre autres la tenue d'un référendum pour revoir la constitution pacifiste, adoptée sous occupation américaine, afin de renforcer les capacités militaires du pays.

Deuxième dans les sondages

Avant même la mise en place officielle du parti, les sondages le donnaient en deuxième place aux élections, qui auront vraisemblablement lieu avant la fin de l'année. Mais M. Hashimoto répète qu'il ne briguera pas lui-même les suffrages. Des analystes estiment qu'il craint de perdre le soutien des gens d'Osaka, sa base, s'il quitte la mairie maintenant, un an après son élection.

Toru Hashimoto n'en est pas à une contradiction près. «Il est à la fois très à droite et révisionniste, mais il propose des solutions assez centristes aussi», estime Mark K. Watson, spécialiste du Japon à l'Université Concordia.

Son style franc et décontracté détonne dans une société hiérarchisée et vieillissante, où le pouvoir appartient habituellement aux hommes mûrs en complet. À 43 ans, l'ancien avocat aux cheveux coupés à la Beatles contraste par sa jeunesse avec les autres politiciens.

Osaka, ville à part

Ce n'est pas un hasard si Hashimoto, qui joue sur la corde nationaliste, a gagné des appuis dans la ville portuaire d'Osaka, durement touchée par les crises économiques des dernières années. Elle compte le plus grand nombre de sans-abri au pays et le taux de chômage y reste plus important qu'ailleurs dans l'archipel. Les coupes du maire dans les salaires des fonctionnaires, notamment, ont été applaudies.

Au cours des six dernières années, six premiers ministres se sont succédé à la tête du pays, après des critiques sur leur inefficacité à enrayer les crises économique et énergétique. «Hashimoto dit les choses clairement, il est éloquent, explique Yuji Yoshimoto. Il a une image de réformiste, en partie parce que ses prédécesseurs sont considérés comme des gens qui n'en ont pas fait assez.»