Le neveu de l'actuel dirigeant nord-coréen Kim Jong-un évoque dans un rare entretien télévisé ses années de jeunesse au coeur du régime et sa compassion pour un peuple placé sous la férule d'un « dictateur ».        

Lunettes cerclées de noir, piercing à l'oreille, Kim Han-sol fait état de ses amitiés avec des étudiants américains et sud-coréens en dépit de l'histoire et du contexte géopolitique, appelant de ses voeux la réunification de la péninsule coréenne.

Né en 1995 à Pyongyang, il se remémore son enfance solitaire passée pour le plus clair de son temps dans la famille de sa mère, à l'écart des Nord-Coréens et de son grand-père, Kim Jong-il, décédé en décembre, qu'il n'a jamais rencontré.

« J'ai toujours voulu le rencontrer parce que je voulais savoir quel genre de personne il était. Je l'attendais (...) jusqu'à ce qu'il décède, en espérant qu'il vienne à ma rencontre, parce que je n'étais même pas certain qu'il savait que j'existais », a confié le jeune homme dans un anglais courant.

Kim Han-sol est l'arrière-petit-fils de Kim Il-sung, au pouvoir depuis 1948 et mort en 1994, petit-fils de Kim Jong-il, et neveu de l'actuel homme fort du pays, Kim Jong-un.

Son père, Kim Jong-nam, fils aîné de Jong-il, était pressenti pour lui succéder à la fin des années 1990, mais il était tombé en disgrâce en 2001 après avoir tenté d'entrer au Japon avec de faux passeports pour visiter Disneyland.

La famille a par la suite quitté la Corée du Nord et est basée aujourd'hui dans la ville méridionale chinoise de Macao, célèbre pour ses casinos.

« Mon père n'était pas vraiment intéressé par la politique », laissant le champ libre à son jeune frère Kim Jong-un, âgé de moins de trente ans, a assuré Kim Han-sol.

« Je ne sais pas vraiment pourquoi il est devenu (à son tour) un dictateur », dit-il de son oncle. « Ça a été une affaire entre lui et mon grand-père ».

L'entretien a été réalisé par la télévision finlandaise Yle à Mostar, en Bosnie (sud), où Han-sol étudie, par l'ancienne sous-secrétaire générale des Nations unies Élisabeth Rehn, et diffusé lundi.

« En 1995, année de naissance de Han-sol, a été une année sombre dans l'histoire de la Corée du Nord. Des millions de personnes sont mortes de faim », indique un texte sur des images d'archives.

Kim a confié qu'il était totalement coupé de la réalité lorsqu'il vivait à Pyongyang. « Je n'étais pas vraiment conscient de ce qui se passait là-bas. J'ai toujours rêvé qu'un jour, je reviendrais pour rendre la vie plus facile pour les gens ».

L'adolescent ne s'est pas expliqué sur les raisons qui l'ont motivé à accepter de s'exprimer et n'a donné aucune indication quant aux relations entre sa famille, son père en particulier, et le régime dirigé d'une main de fer par son oncle.

Dans un échange de courriers électroniques avec un journaliste japonais publié en février, Kim Jong-nam accusait son jeune frère de n'avoir « ni sens du devoir, ni sérieux » et prédisait la chute du régime, gangréné par la corruption.