L'icône de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a souhaité que son pays trouve «sa propre voie» vers la démocratie, en rendant hommage mardi aux pays qui ont connu une telle transition, y compris l'Afrique du Sud, au terme d'un voyage historique aux États-Unis.

«Nous avons beaucoup de leçons à apprendre (des) pays» qui ont connu une transition vers la démocratie, «mais nous devons trouver notre propre voie, parce que les problèmes de notre pays ne sont pas exactement les mêmes que ceux des autres pays», a déclaré Aung San Suu Kyi devant plusieurs milliers de militants réunis à Los Angeles.

«Ca ne peut pas être comme l'Amérique, parce que la Birmanie n'est pas comme l'Amérique», a-t-elle souligné lors d'une dernière apparition publique avant de rentrer en Birmanie mercredi.

«Chaque pays développe son propre modèle de démocratie, qui n'est pas quelque chose qui doit être imposé de l'extérieur. J'ai toujours été opposée à ce qu'on appelle une démocratie disciplinée, qui était mise en avant par le régime militaire» birman, a-t-elle expliqué.

Interrogée sur les pays qui pourraient inspirer la Birmanie, elle a estimé qu'il y avait «beaucoup à apprendre de nombreux endroits, et pas seulement de pays asiatiques comme la Corée du Sud, Taïwan, la Mongolie et l'Indonésie».

Elle a évoqué les pays d'Europe de l'Est, qui sont passés de l'autocratie communiste à la démocratie dans les années 1980 et 1990, et les pays d'Amérique latine qui sont d'anciens régimes militaires.

«Et nous ne pouvons pas oublier l'Afrique du sud, parce que, bien que ça n'était pas un régime militaire, c'était assurément un régime autoritaire», a souligné Aung San Suu Kyi, qui a passé 15 années privée de liberté.

«Pour ceux qui sont familiers de la politique américaine, je suis sûre que vous comprendrez le besoin de compromis négocié», a-t-elle ajouté en souriant, alors que les États-Unis doivent élire leur prochain président le 6 novembre.

«Notre point fort c'est que, comme nous sommes particulièrement en retard par rapport à ces pays (en transition démocratique), nous pouvons savoir quelles erreurs sont à éviter», a-t-elle précisé.

Aung San Suu Kyi est depuis le 17 septembre aux États-Unis où, comme en Europe en juin, elle a reçu un accueil aussi prestigieux que chaleureux dans un pays où elle est adulée.

Elle a notamment été reçue le 19 septembre par le président Barack Obama, dont l'administration a levé les dernières sanctions contre son pays.

Le président birman Thein Sein, également en visite aux États-Unis, a de son côté indiqué qu'il ne s'opposerait pas à ce qu'Aung San Suu Kyi lui succède si le peuple le souhaitait.

Interrogée mardi sur ce qu'elle ferait si elle était élue présidente, Aung San Suu Kyi a répondu: «Vous devriez regarder comment le président actuel de la Birmanie gère la situation plutôt que de me demander comment je ferais si j'étais présidente de Birmanie. Soyons réalistes».

La lauréate du prix Nobel de la paix est en Occident une icône de la lutte non violente pour la démocratisation, un processus encore inimaginable il y a deux ans en Birmanie.

La junte militaire, qui a tenu ce pays d'Asie du sud-est pendant un demi-siècle, a cédé la place en mars 2011 à un régime civil d'anciens généraux réformateurs.

Le processus s'est déroulé sans effusion de sang et la Birmanie a changé de visage, notamment grâce à la libération de centaines de dissidents, la levée de la résidence surveillée de Suu Kyi fin 2010 et son élection à la députation en avril dernier.