La température qui a sévi dans les derniers jours sur le mont Manaslu, au Népal, où sont morts au moins huit alpinistes dimanche dernier, laissait présager un risque élevé d'avalanche, au point d'en modifier les plans de certains grimpeurs.        

L'icône américaine du ski extrême Glen Plake était au fameux camp trois lorsque l'avalanche meurtrière a balayé les 25 tentes qui le formaient, emportant notamment le Québécois Dominique Ouimet, porté disparu depuis.

Plake, 48 ans, se trouvait avec deux autres skieurs, Remy Lécluse et Greg Costa, qui font partie avec M. Ouimet, des trois alpinistes toujours portés disparus. Leur objectif était de gravir le Manaslu et d'être les premiers à le descendre en ski, sans oxygène.

Alors qu'il était de retour au camp de base du Manaslu, Plake a contacté le site Web epictv.com, qui suivait leur expédition, pour raconter le drame.

« Greg et moi étions dans une tente ensemble. Rémy dans une autre. Il était 4 h 45, j'étais dans mon sac de couchage avec ma lampe frontale, en train de lire la Bible, quand j'ai entendu un grondement. Greg m'a dit, ça doit être une grosse bourrasque de vent. Une seconde plus tard, non, c'est une avalanche! Elle nous a frappés. J'ai été projeté 300 mètres plus loin, au bas d'un sérac (chute de glacier). Quand je me suis arrêté, j'étais toujours dans mon sac, dans ma tente avec ma lampe. Nous nous étions couchés avec nos transpondeurs, je suis donc sorti pour chercher les autres. J'ai cherché pendant 10 minutes avant de me rendre compte que j'étais pieds nus dans la neige. J'ai trouvé toutes nos choses : caméra, sacs de couchage, bottes de ski. Mais aucune trace de Greg. Rémy et sa tente n'étaient nulle part », a raconté le skieur à la légendaire coupe mohawk, disant avoir quelques dents cassées et des ecchymoses au visage.

Il dit aussi que le skieur canadien Greg Hill et son équipe, qui étaient au camp deux, l'ont aidé, avec d'autres, à sortir d'une crevasse.

Dans les jours précédents le drame, Plake et ses acolytes ont alimenté divers blogues. Alors qu'ils y allaient de plusieurs ascensions du camp de base vers les camps un, deux ou trois, avec retour à la base, pour s'acclimater à l'altitude, ils ont exprimé de vives craintes quant aux avalanches.

« L'équipe est aujourd'hui au camp un plutôt que le trois comme prévu. Rémy a rapporté que la météo a changé, que 30 cm de neige plutôt que 10 étaient attendus dans les trois jours à venir, alors ils ont décidé de demeurer à une altitude plus basse. Les pentes entre les camps un et trois se prédestinent aux avalanches, l'équipe a donc pris la bonne décision de jouer la sécurité », lit-on dans un billet publié le 12 septembre sur le site de Dynastar, commanditaire de Lécluse.

« Le camp trois n'est pas un endroit où rester coincé avec la température annoncée », a renchéri Plake dans ce même texte.

« (Rémy) nous a dit qu'un autre skieur, Greg Hill (de Colombie-Britannique), a réussi à se rendre à 7000 mètres (au-dessus du camp trois) avant que le mauvais temps frappe. Son équipe a trouvé les conditions très instables. Alors qu'ils grimpaient, ils entendaient le craquement caractéristique de la neige profonde et instable qui donne la chair de poule à tous les skieurs de haute route », lisait-on dans un billet du 17 septembre, toujours sur le même site web.

« Cela nous fait beaucoup réfléchir sur quel type de neige nous trouverons et à quel point cela sera-t-il sécuritaire en altitude. Nous espérons que la température qui devrait s'améliorer permettra de stabiliser la couche neigeuse », ajoutait Rémy.

Ce ne fut pas le cas, hélas, et une avalanche monstrueuse a une fois de plus semé la mort sur la montagne.