Inondations dévastatrices, pannes d'électricité et embouteillages monstres: de nombreuses mégalopoles asiatiques se débattent tant bien que mal contre la pression d'un développement économique rapide, d'une météo extrême et de l'exode des populations des campagnes.

Des carences de planification, des investissements en infrastructures insuffisants et un manque de volonté politique ont également rendu ces villes géantes et surpeuplées particulièrement vulnérables au changement climatique, selon les experts.

Depuis un an, Bangkok et Manille ont ainsi été frappées par des inondations ravageuses. L'Inde a souffert de son côté de la pire panne de courant de l'histoire.

Cette situation semble en contraste avec un continent qui s'enrichit, où des millions de personnes sortent chaque année de la pauvreté. Mais dès qu'une catastrophe se produit, le tiers monde resurgit.

Beaucoup de villes d'Asie sont «en retard en ce qui concerne les infrastructures proposées --égouts, routes, ou approvisionnement en électricité», note Sun Sheng Han, spécialiste en urbanisme à l'université de Melbourne.

Au coeur du problème, un manque de vision à long terme dans une région où les politiques urbaines reflètent un mélange d'«objectifs politiques et d'ambitions économiques», poursuit-il.

En Thaïlande, l'une des plus importantes sociétés immobilières est contrôlée par la famille de la première ministre Yingluck Shinawatra, dont le frère Thaksin vit en exil pour échapper à une condamnation pour malversations financières.

Et la capitale qui s'enfonce inexorablement pourrait se retrouver en dessous du niveau de la mer d'ici à 50 ans. En cause, l'extraction massive, pendant des années, des eaux souterraines pour l'industrie et la consommation de ses 12 millions d'habitants. Mais malgré les mises en garde, le secteur immobilier ne ralentit pas.

Une urbanisation rapide qui bloque les voies naturelles de passage des eaux et des systèmes de drainage mal entretenus sont également considérés comme une des causes des inondations meurtrières qui touchent actuellement la capitale des Philippines.

Mais l'Inde fait certainement face aux défis les plus importants. Plus de 600 millions de personnes ont été plongées dans le noir fin juillet en raison d'un black-out sans précédent.

Alors que fours à micro-ondes et machines à laver sont de plus en plus populaires auprès d'une classe moyenne en expansion, la pression sur le réseau ne va pas fléchir.

D'autant que selon un rapport de l'ONU de 2011, la population urbaine du pays devrait passer de 30% à 60% d'ici à 2030, pour atteindre 606 millions d'habitants.

À Bombay, une des villes du monde les plus densément peuplées avec 20 000 habitants au kilomètre carré, les trains de banlieue surchargés transportent quelque 7 millions d'usagers par jour. Et chaque année, plus de 3000 personnes sont tuées sur le réseau ferré, en tombant d'un train ou traversant une voie.

«L'heure de pointe est le principal problème. Parfois, c'est tellement bondé qu'il est difficile de respirer», commente Sudhir Gadgil, employé de 62 ans qui passe trois heures dans le train chaque jour.

Au Bangladesh voisin, la capitale Dacca également fait face à une crise du transport, sans précédent.

Début 2009, le gouvernement avait promis de s'attaquer au problème, avec d'ambitieux projets de routes et de lignes de bus et de train. Mais la plupart n'en sont qu'à l'étape de la conception.

«Dacca est déjà une ville moribonde. Elle meurt vite et je n'ai aucun espoir que nous puissions la sauver», commente Shamsul Haq, expert en transport à l'Université d'ingénierie et de technologie du Bangladesh.

Les embouteillages ne sont pas l'apanage de Dacca. Et dans d'autres villes encombrées, certains résidents sont de plus en plus frustrés. Comme Dian Agustino, habitante de Jakarta: «Si ça ne change pas dans les cinq prochaines années, je déménage à Bali pour avoir une vie plus tranquille».