Avocate internationale renommée et écrivaine reconnue, Gu Kailai, épouse de l'ex-étoile montante de la politique chinoise Bo Xilai, brassait les affaires et menait grand train avant d'être accusée de meurtre.

Jusqu'au printemps, Gu Kailai, avocate de premier plan et deuxième épouse de Bo Xilai, était surtout connue en Chine et à l'étranger comme étant une femme «intelligente, charismatique et attirante», selon les mots d'un confrère.

À 53 ans, elle se retrouve depuis le printemps au centre d'un des plus retentissants scandales en Chine ces dernières décennies. Jeudi, l'agence Chine nouvelle a annoncé que les preuves étaient «irréfutables»: Gu est accusée du meurtre de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood, empoisonné en novembre à Chongqing.

Gu Kailai avait été «remise entre les mains du système judiciaire» en avril alors que de lourds soupçons pesaient sur elle pour l'homicide de cet homme d'affaires qui avait des liens étroits avec sa famille.

La destinée de Gu a été étroitement liée à celle de Bo Xilai -- l'ancien chef du Parti de Chongqing tombé en disgrâce -- dès leur rencontre au milieu des années 80.

Comme le charismatique Bo Xilai, fils du vétéran Bo Yibo, elle est l'enfant d'un dirigeant communiste éminent, le général Gu Jingsheng, et a étudié dans la prestigieuse université de Pékin.

Le couple s'est rencontré en 1984 alors que Gu effectuait un voyage d'études près de Dalian dans le cadre de son cursus universitaire, où Bo était en fonction.

Ils se sont mariés deux ans plus tard et en 1987 ont eu un fils, Bo Guagua, qui, aujourd'hui diplômé d'Oxford, poursuit des études doctorales à Harvard.

«Il ressemblait énormément à mon père, ce genre de personne extrêmement idéaliste», a dit Gu à l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo, se remémorant sa première rencontre avec Bo Xilai, dans une interview publiée en 2009.

«Il habitait dans une petite pièce crasseuse. Il m'a donné une pomme avant de me parler de ses idées», a-t-elle ajouté.

Gu n'a ensuite plus quitté Bo, renonçant à une bourse d'études aux États-Unis, et s'affirmant au fil des années comme une femme travailleuse et ambitieuse.

Jusqu'en mars dernier et la chute de son époux, la presse de Chongqing la présentait comme un modèle pour les autres femmes.

Les débuts dans la vie de Gu n'ont pas été faciles.

Bien qu'elle soit issue d'une famille d'influence, elle n'a pas connu une enfance dorée. La Révolution culturelle (1966-76) a été une épreuve pour Gu, dont les parents ont été arrêtés et les quatre soeurs envoyées à la campagne pour y être «rééduquées».

Gu a dû quitter l'école pour gagner sa vie, comme employée de la construction, bouchère et même joueuse de luth.

Ce n'est qu'en 1978, quand les examens d'entrée à l'Université ont été rétablis, qu'elle a pu intégrer l'Université de Pékin pour y étudier le droit et les relations internationales.

En 1987 elle est devenue avocate et en 1995 a ouvert son propre cabinet appelé Kailai.

Elle a atteint la notoriété en devenant le premier avocate à défendre avec succès une compagnie chinoise aux États-Unis.

L'avocat américain Ed Byrne, qui a travaillé avec elle sur cette affaire, se souvient d'une femme «intelligente, charismatique et attirante». «Elle m'impressionnait beaucoup», a-t-il dit récemment à la BBC.

Gu Kailai a publié deux livres sur son aventure professionnelle, des best-sellers en Chine. Mais elle a dû mettre sa carrière entre parenthèses lorsque son époux est devenu le chef du PCC dans la ville-province de Chongqing.

Ce qui n'a pas empêché cette femme séduisante de brasser les affaires et les millions et de mener grand train.

Gu «passe l'essentiel de son temps à la maison, je suis touché par le sacrifice qu'elle a fait», avait dit Bo Xilai de son épouse.