Pranab Mukherjee, ancien ministre des Finances et candidat du parti du Congrès, au pouvoir, a été élu dimanche président de l'Inde, un rôle honorifique qu'il pourrait redéfinir pour mettre sa réputation de médiateur au service de la turbulente vie politique.

M. Mukherjee, 76 ans, a remporté 69,3% des voix du collège électoral, selon les chiffres officiels, écrasant sans surprise son rival, Purno A. Sangma, 64 ans, un ancien président du Parlement soutenu par le principal parti d'opposition, le très conservateur Bharatiya Janata Party (BJP).

Cette victoire personnelle, au terme de plus de quarante ans de carrière, est également un succès pour le Parti du Congrès (centre gauche) dirigé par Sonia Gandhi, dont l'image a été ternie par une série de scandales de corruption.

En Inde, le président est élu pour un mandat de cinq ans par 4896 parlementaires issus du Parlement fédéral et d'assemblées locales. Le vote s'était déroulé jeudi.

«Je voudrais remercier le peuple de ce grand pays de m'avoir conféré cette distinction en m'élisant à cette haute fonction», a déclaré M. Mukherjee devant une foule de partisans rassemblés devant son domicile à New Delhi.

«Ils m'ont confié la responsabilité de les protéger, de les défendre et de préserver la constitution en tant que président de la République», a-t-il ajouté.

M. Mukherjee sera investi mercredi, en remplacement de l'actuelle présidente, Pratibha Patil, discrète et peu connue à l'étranger, qui fut la première femme à avoir été nommée présidente de ce pays émergent de 1,2 milliard d'habitants.

Même si, en Inde, le chef d'État n'exerce qu'un rôle de représentation, la réalité du pouvoir exécutif appartenant au gouvernement du premier ministre, actuellement Manmohan Singh, 79 ans, Mukherjee pourrait jouer un rôle clé dans la formation du prochain gouvernement après les élections générales de 2014.

Fin connaisseur de l'arène politique indienne, il pourrait mettre à profit son expérience d'habile négociateur si des résultats serrés devaient déboucher sur des tractations entre partis, notamment régionaux.

La plupart des observateurs prévoient en effet des résultats dans un mouchoir de poche en raison du mécontentement populaire dû aux ratés de la croissance et à des scandales de corruption au sein de l'administration Singh.

«Chaque parti recherche de nouveaux partenaires pour pouvoir former un nouveau gouvernement. En tant que président, M. Mukherjee pourrait piloter le navire. C'est un médiateur», a estimé auprès de l'AFP Sanjay Kumar, un analyste politique au Centre d'étude sur les sociétés en développement, à New Delhi.

Il pourrait aussi chercher à impulser une nouvelle dynamique au sein du Parlement, dont les sessions souvent houleuses ont été maintes fois ajournées en raison de blocages provoqués par l'opposition.

Son départ du ministère des Finances le mois dernier, après avoir été désigné candidat à la présidentielle par son parti, a suscité l'espoir d'investisseurs pour une vraie politique de réformes, et notamment celle concernant l'ouverture du secteur de la grande distribution aux multinationales étrangères.

M. Mukherjee a démissionné de son portefeuille sur un bilan mitigé.

Depuis des mois, la troisième économie d'Asie connaît des ratés: aggravation des déficits de la balance commerciale du pays, ralentissement des entrées de capitaux étrangers, net ralentissement de la croissance, inflation persistante et réformes avortées.

La croissance indienne n'a progressé que de 5,3% au dernier trimestre 2011-2012, soit la plus faible performance trimestrielle depuis neuf ans.