La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton rencontrait vendredi au Cambodge le président birman Thein Sein, alors que les États-Unis viennent d'autoriser leurs entreprises à investir dans l'ancienne dictature militaire.    

Il s'agit de la deuxième rencontre entre les deux responsables, qui s'étaient déjà entretenus en décembre lors du déplacement de Clinton en Birmanie, le premier d'un chef de la diplomatie américaine en plus de cinquante ans.

Cet entretien dans la ville touristique de Siem Reap, en marge d'un forum d'hommes d'affaires américains qui attendaient avec impatience cet allègement des sanctions américaines, « montre le soutien du gouvernement américain au processus de réformes en Birmanie », a commenté vendredi à l'AFP Zaw Htay, directeur du bureau du président Thein Sein.

Washington a annoncé mercredi l'allègement sans précédent de ses sanctions en soulignant vouloir « encourager » les réformes entreprises depuis la dissolution de la junte en mars 2011.

Mais la décision américaine « ne signifie pas que nous sommes satisfaits, que les réformes sont complètes ou irréversibles », avait insisté Clinton jeudi, notant en particulier que des prisonniers politiques étaient toujours derrière les barreaux.

« Les violences ethniques et communautaires en cours continuent à saper le progrès vers la réconciliation nationale, la stabilité, et la paix durable ».

Le même jour, le site officiel de la présidence birmane publiait des déclarations de Thein Sein sur les violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait plus de 80 morts en juin dans l'ouest du pays, déclarations dont le ton tranchait avec la mesure dont il avait fait preuve durant la crise.

Le chef de l'État a ainsi estimé que le seul avenir possible pour les membres de la minorité musulmane apatride des Rohingyas, était d'être regroupés dans des camps de réfugiés ou d'être expulsés du pays.

Grâce à l'allègement des sanctions, les entreprises américaines vont désormais pouvoir, sous contrôle de Washington, investir en Birmanie, y compris dans le secteur-clé du gaz et du pétrole.

Cette récompense a poussé la chef de file de l'opposition Aung San Suu Kyi, prudente, à insister sur la nécessité de « transparence » de ces investissements.

D'influents sénateurs américains, John McCain et Joe Lieberman, ont eux aussi souligné que conclure des affaires avec le controversé groupe public d'hydrocarbures birman risquait de « faire reculer la démocratie ».